samedi 26 décembre 2009

CONCLUSION


Des professionnels au vocabulaire médical m’entouraient. APGAR inférieur à 4... Le pronostic vitale était en jeu; mon système respiratoire défaillait. L’hémorragie importante nécessitait des perfusions d’O+.
Sous les draps blancs de mon esprit je voyais des formes noires habillées de végétaux; qui en chaîne ininterrompu, sautaient sur place en dégageant les cendres d’anciens feux. Je rampais entre leurs jambes à la façon d’un organisme vivant recherchant la sortie…
Pas de lumière au bout du tunnel, ni de visages accueillant aux paroles réconfortantes. Juste un souvenir d’une émission T.V. sur une tribu de Papouasie nouvelle guinée.

Il devait en finir vite, comme un morceau de punk-rock. A quoi cela sert t-il d’enrober le tout de lyrisme ? Naissance-vie-mort sur fond noisy donne d’avantage l’envie de baisser le volume, voir d’éteindre la chaîne.
Pour autant que l’œil omniscient sache, les personnages de son triptyque n’étaient présent dans l’histoire que pour animer son fond solitaire. L’essentiel tient dans le mouvement, peu importe les répercutions.
Une insomnie perpétuel représente la plus grande torture du corps. L’inconscient s’anime devant les yeux hallucinés du créateur.
Dans le rêve, victimes et bourreaux sont les mêmes ! Il a traversé les deux rives, et en touriste il peux dire qu’ailleurs c’est mieux ! Il suffit de fermer les yeux…



Sweet dreams my love


VIII, 2. Sur les trottoirs de ma bonne terre natale, ses fils châtiaient bien


Sur les trottoirs de ma bonne terre natale, ses fils châtiaient bien. J’avais beau les interpeler, les invectiver. Impossible de marquer ma présence. J’étais comme invisible. Si je les bousculais, ils n’attendaient même pas l’excuse. Un flot impassible. Je voulais leur dire que j’avais compris, fini de vomir ma bile…
Jusqu’à une heure avancée, tel un acteur sur scène, au décore épuré d’une seule lumière d’un lampadaire; j’étais les deux genoux à terre et mains jointes à faire la manche. Je priais la Cité de me reprendre, même si c’était comme esclave.
En réponse, les membres d’une équipe de foot éméchés me repérèrent. Crânes rasés et Doc Martens aux pieds, ils avaient le visage de la défaite.
« Hé ! Matez moi la chintok ! Alors chérie comment ca va ce soir », dit l’un.
« Putain je peux pas les blairer ces jaunes », dit l’autre.
« J’avais justement envie de m’en faire une », interrompit le meneur du groupe.
Ils m’encerclaient comme une meute de loups. J’ai fait l’erreur de bouger, et me cognèrent donc de concert.
« Ca va être ta fête ma chérie ! Emmenez moi ca dans la ruelle ».
Le plus grand a déchiré mon pull en grognant de plaisir :
« T’es faites comme je les aime. J’adore tes seins, je peux les toucher ? »
J’avais envie de leur dire que la nourriture était avariée pour cause de chaîne du froid rompu… Au-lieu de ca, je leur ai dit que je votais pour le F.N. Sans sympathie.
Quand ils ont pensé que la viande était assez tendre une fois bien battu, je fus jeté tête la première contre une benne à ordures. Jeans et slip sur les chevilles, le supporteur n’a pas continué sa phrase :
« Je vais te défoncer… »
Les trois acolytes restèrent les yeux rivés sur ma bite à l’air. Mains levés, j’ai dit en reculant qu’il y avait carton rouge… Je pense qu’ils devaient être indignés au plus profond de leur carapace d’hétéro. Détruire mon membre à coup de chaussures montantes fut sans doutes un moyen d’auto-défense…

PARTIE VIII, 1. « outcast »

J’ai fini par quitter mon chez moi. Il était évident qu’ils feraient une descente, car je n’allais plus à l’hôpital pour mes injections retard…
Les sans abris sont des êtres à part, « outcast ». Sous d’autres latitudes ses Sadou seraient considérés comme des sages. Nous avons beaucoup à enseigner. Au lieu de passer à côté en faisant semblant de ne pas nous voir, vous devriez vous asseoir sur le macadam. C’est ce que je fis sous les arcades des galeries marchandes entre un voyagiste et un bureau de tabac. Lors de mon autre vie, je l’avais déjà vu à de nombreuse reprises, Pierre. Un type chaleureux au tempes grisonnantes qui avait pour compagnons de route une flopée de chat. Il m’a tout de suite bien expliqué les choses :
« Deux clodos qui font la manche ensemble, ça gagne pas un rond. Faut comprendre que la peur est multipliée… »
Son truc à lui pour apitoyer c’était les chats. Les gens donnent plus qu’en y a des animaux en jeu. Pierre, il avait du chemin dans les pattes et c’était un malin. Dans la discussion il m’a montré les photos de sa famille. Personne ne savait ce qu’il devenait, silence radio.
« La fatalité ma petite »
Il m’a expliqué qu’en l’espace de quelques mois un engrenage l’avait emmené ici bas. D’abord la perte de son boulot comme conducteur poids lourds, puis l’alcool, la dépression, et enfin la séparation…
« J’ai pas pu remonter la pente. Tu sais ca va vite, les emmerdes, tout ca… Un jour on a tout, et le lendemain pfuit disparut ! Tout ce qui me restait, c’était des bouteilles vides et les factures qui s‘empilaient... Alors je me suis enfuit »
Nous sommes restés jusqu’à la fermeture des commerces. La recette fut maigre comme les petits chats qui tentaient de téter mon pull en laine. A coup de gros rouge nous combattions l’hiver qui s’annonçait rude. Accentué par le mauvais vins et les souvenirs que j’ai dus ranimé; les larmes dévalant sa couperose, il m’exprima son souhait de rejoindre en train les siens. S’il y avait un mince espoir de pouvoir tout recommencer, il voulait le saisir… Son discours m‘a émut.
« Et toi, je ne sais pas pourquoi tu ne veux pas me dire ton nom, mais je suis sûr que quelque part, on t’attend aussi ? »
Sur une devanture illuminée, il y avait promotion pour « nowhere ». Je lui répondis que je savais exactement où j’allais, et qu’au bout je saurai reconnaître les miens. Dans un geste qui me couta le fruit de mes dernières passes, je lui donna l’argent nécessaire pour le trajet.
Il resta interloqué un bon moment, lorsque je lui dis de prendre : « Pas de merci, car j’ai reçu une des plus grande leçon de mon existence. Tu ne sais pas à quel point ce cadeau m’est précieux. » Ses yeux brillaient devant la projection futur de ses actes, avant de m’embrasser. Nous vibrions d’émotions, transit et lumineux. Tout deux avançant au-devant de nos destiné…
Les mains sur mes épaules, son regard était emprunt de sens. Il voulait dire :
« Je ne saurais peut être jamais qui tu es, cependant il y a de l’espoir en ce monde. Tu viens juste de le démontrer. »
Était-ce réellement un acte désintéressé ? En tout les cas, j’ai trouvé du réconfort dans cette obole à l‘indigent. Quelque chose m’a effleuré au moment même du don, l’idée de recevoir en retour une grâce. Oui, c’était cela, j’avais fait preuve d’humanisme en ne jugeant pas une entreprise vouée certainement à l’échec…

PARTIE VII Rien ne pouvait plus me posséder

J’avais à présent tout pour être heureux. Rien ne pouvait plus me posséder. La liquidation fût totale. Au lycée un professeur de philosophie nous demanda comme sujet de dissertation : « quelle forme pourrait prendre la liberté ? ». Je lui ai donné une feuille blanche… C’était exactement le rendu que je voulais pour conclure ma vie. Peut être y avait-il quelques tâches de pu et de merdes sur la toile, mais enfin c’est de l’art moderne ! Un bon prix pourrait en être tiré chez Christie’s ?

La possession matérielle cache la réalité à l’homme. L’investissement dans des valeurs mobilières ou immobilières, pour le futur, n’a aucun sens. Tout comme fêter la nouvelle année, ou un dividende supplémentaire; cela n’enrichie nullement, mais soustrait une part d’un temps fini.
L’on ne possède jamais rien en ce monde, l’objet dépossède du mouvement et rend inerte toute prise d’initiative. Voir le paradoxe est en soi un pas vers la Liberté.
Toutefois après cette prise de conscience, vient la plus grande difficulté sur laquelle beaucoup d’entre nous se résigne : qu’en faire ?

Il ne faudrait jamais s’arrêter en chemin; devenir sédentaire, et thésauriser ses acquis.
Tel l’enfant prodigue : prends des risques !
Je ne prêche nullement une quelconque révolution. Une déconstruction serait plus à propos. Mais enfin, mon jugement m’appartient, et les processus de pensées son innombrables. Cependant force est de constater que le sens commun recherche une forme de stabilité pour asseoir un édifice à l’échelle d’une vie :
Etude, mariage, ascension sociale par le travail, enfants, cotisation retraite. Tout le monde connait le programme. Et pour dénué de sens, la finalité nous paraît lointaine. Alors on n’y pense pas, on s’entoure d’objets et de bruits…

Savoir quelque chose est différent de connaître par l’expérience. Le moine ne devrait jamais entrer dans les ordres sans avoir aux préalables goûter les délices du pêché, sinon il ne s’agit pas de « sacrifice ».
Pour paraphraser Descartes : il faut analyser en détails les idées toutes faites disséminées dans notre esprit, par nos maîtres. Ainsi nous pourrions examiner ce qui est nécessaire à notre équilibre sans axiomes dogmatiques…

Si je vous dis que la droite est à gauche, le haut en bas, et que l’horizon est proche de vos mains; vous aurez une certaine difficulté à me croire…

Pourtant, s’orienter est aisée. C’est tout droit dans la fosse commune de l’oublie !

VI, 3. Katsumi avait un chien

Katsumi avait un chien de la taille des chevaux utilisés par Attila le Hunt. C’est lui qui me dérangea alors que j’étais absorbé par la chaîne d’information passant en boucle les évènements de Bangkok : des « chemises rouge », et des « jaunes », s’affrontaient pour le premier ministre Thaksin Shinawatra. L’armée ne réagissait toujours pas, et le vieux roi restait dans son silence. Pour ajouter à l’instabilité, dans le sud du pays des groupes islamistes séparatistes faisaient mumuse avec des explosifs… C’était la merde, et pour couronner le tout les aéroports étaient occupés par les manifestants.
Il est vrai qu’elle prenait son bain depuis une bonne heure, mais je ne me suis pas inquiété, c’était une femme après tout ! Le chien grattait à la porte de la salle de bain… Mes appelles répétés ne la faisait pas réagir, je n’entendais aucune activité. Alors j’en suis venu à défoncer l’entrée. Ce que je vis avait du mal à sous-titrer. Elle baignait dans son sang. Une main sortait de la baignoire, désignant de l’index ses dernières volontés… J’ai mit plus d’une semaine à me décider à contacter la police. Pendant tout ce temps, avec rage, je me suis échiné à faire un masque de plâtre de son visage, et à prendre le plus de clichés possible. J‘eus du mal à entrevoir les implications possibles de se que je considérais comme une folie, mais ce serait un dernier hommage à celle qui fut ma muse. C’était comme une évidence qui germa sept longues journées : « une chirurgie plastique qui copierait ses traits pour qu’elle survive à mon regard ». J’accomplirai son testament à la lettre… Pourquoi pas après tout ? On pouvait se faire blanchir les dents pour quinze mille bath, le reste était un peu plus couteux, mais la conversion peu douloureuse. J’avais des ecchymoses, mais le trophée accroché sur le mur m’amenait à conclure que le visage serait une réussite…
Mes rêves étaient de plus en plus libidineux. Un être femelle de couleur rouge usait d’une force dominatrice pour prendre son plaisir solitaire sur ma queue. On pouvait appeler ça du viol onirique. Je me réveillais à chaque fois en ayant éjaculé sur mes cuisses, avec un sentiment d’inachevé…
J’avais envie de ressentir quelque chose face à la perte de ma partenaire, mais en vérité j’observais les scènes de mon existence comme un spectateur. Tellement abreuvé d’images violentes et obscènes, que le monde pouvait disparaître sans me faire ciller. Je n’étais tout simplement plus là.

Dans sa cave, au milieu des Pessac, Margaux, et autres Yquem, il restait un jambon attaché à un crucifix parallèle au sol. Par un geste de pitié, et parce que je voulais participer à la full moon party de l'île de Ko Phangan, j’abrégea son supplice en lui coupant les artères fémorales. Elle se débattit quelques minutes en se vidant, avec des petits bruits aigus, étouffés par le god ceinture autour de sa bouche…

Sur la plage de Hat Rin, le milk shake de magic mushroom faisait son effet. J’errais de sons en sons, guidé par les feux follets fluorescents. Je ne pouvais qu’heurter les tombes remplis de méthane des touristes en tongs. Tanguant, gerbant, psalmodiant, dans cette réunion païenne. Sur le sable fin, les tessons de bouteilles me coupaient. Au bord du golf de Thaïlande, des Australiennes rousses se recueillaient dans le creux de leurs paumes. En filets, l’eau récitait des prières… Liquide et déchiré, j’ai demandé : « Combien pour la bouteille », puis le black out jusqu’aux rails de la station IIIème Reich.

VI, 2. Je suis beau, tu es belle

« Je suis beau, tu es belle »; deux fois. Narcisse se mire et le reflet jure… Les limites du corps se distende sur l‘onde. Vite un autre cachet ! Rouge, bleu, de toutes les formes… Non, plutôt les grosses et blanches. Celles qui régulent le temps; court et long rassemblés dans la norme. Ranger l’armoire, faire son lit. Tenir propre. Sembler, et surtout paraître. Le blues fait claquer les doigts. Dois changer d‘humeur. Un, deux pas; carreaux, paire et passe… Rien dire de stupide. Je vais bien, tout va bien; sourire, mât. « Om mani padmé hûm » en huit inversé. Une nuit en simulacre. Ainsi soit la vie…

J’ai toujours pris soin de moi. L’apparence physique est primordiale. Le culte a existé dans toutes les époques, des body builders sur les plages de Miami, en passant par les divines proportions Grecque. Le corps est un objet pour arriver à ses fins. Une étude très sérieuse du CNRS a démontré qu’un individu atteint plus facilement des fonctions élevés dans l’entreprise s’il est de physique harmonieux, grand et mince; nonobstant un manque de qualifications… A bien y réfléchir, cela tombe sous le sens aux regards des fonctions de représentations pour une marque déposé.
Avant qu’un médicament soit commercialisé, il doit passer des tests en trois phases, jusqu’à l’AMM ( Autorisation de Mise sur le Marché ). Le bénéfice doit être supérieur aux risques… Sur les notices, il y a une longue liste d’effets indésirables susceptibles d’apparaître. J’ai pu expérimenter l’un des plus surprenants lorsque j’étais avec une fille du nom de Nadia, une pile alcaline maigre comme mon petit doigt. Sa mère et sa sœur avaient comme elle une maladie désignée : psychose maniacodépressive. En ce temps là, elle préparait une thèse en neuropsychiatrie, utilisant sciemment l’effet « High » de sa pathologie pour abattre un travail conséquent… Toujours est-il qu’elle se résigna à suivre son traitement sous Depakote pour lisser ses troubles bipolaire; et qu’un jour, alors que nous faisions l’amour, l’envie me prit de lui sucer les seins… Je crus retourner en enfance quand du lait perla de ses tétons ! Le goût ne ressemblait pas du tout à une brique UHT.
L’histoire ne dura pas, la normo-thymie n’était pas ma tasse de thé.

L’assistante sociale de l’hôpital m’a finalement trouvé un appartement dans une ZUP. Je jouais le jeu de la réhabilitation. Le psychiatre m’a dit que j’étais mûre pour une « sortie d’essaie » sous contrainte. J’allais devoir survivre dehors avec cinquante euros par semaine, mon tuteur était un bâtard…
J’appris lors de mon enfermement au 15a, la disparition de mes parents. Je savais que mon père était fragilisé depuis longtemps par son travail harassant de chef cuisinier. Il portait depuis longtemps un masque à oxygène la nuit, car ses apnées du sommeil étouffait son cerveau. Finalement, ce sont ses plaques d‘athéromes qui l‘emportèrent. Je lui avait bien dit de se méfier du mauvais cholestérol… Ma mère le rejoignit de tristesse. Ils avaient réussit à conserver leur couple jusqu’à la fin… Quant à mon petit-frère ingénieur, il était au Gabon, construisant des trucs pour le compte de Bouygues. Il ne souhaitait plus me voir, et de toute manière l’on ne se connaissait pas… Grand bien lui fasse.

J’étais ainsi nu comme un vers, riche des enseignements d’une vie de trentenaire pour seuls bagages. Le but n’est en rien comparable au voyage… Par où étaient donc sortis toutes les personnes rencontré ? Elles n’existaient plus que dans ma mémoire… J’aimerais tant de nouveau serrer contre moi un corps chaud et réel. Et comment c’était déjà ?
L’énergie cinétique de mon passé me hantait. De mon placenta sortait les cadavres démembrés de mes orgies sans conscience. Ils me répétaient à l’envie, qu’il était trop tard pour freiner, mais je n’avait plus faim…
Dans le lieu où je vivais à présent, tout était petit, même le lit. Allongé sur mes draps j’observais d’un œil dissocié le corps. Puzzle difforme de pièces rapportées. La transformation physique était complète. Des côtes de mon esprit j’étais devenu l’archétype de l’humanité. Une hydre pluricellulaire à l’onanisme dérangé, l’œuvre d’une vie enfin révélé.

Pour contenter le grand dragon j’ai brulé les derniers tomes de mon existence. Sur les berges du fleuve entre le périphérique autoroutier et la cité, j’ai vendu mon cul pour une dose d’héroïne. Les pieds dans l’eau, mon fix dans les veines, les blocs de béton au loin s’allumaient. Dans chaque case une famille préparait le dîné…

PARTIE VI, 1. telle une glande exocrine salivaire

« L’amour », c’est avant toute chose, un manque… Je suis sûr que vous avez déjà ressenti cela. Cette soif ardente, qui sourdre d’une cavité dans l’abdomen, telle une glande exocrine salivaire. Comme d’une envie de chocolat chaud…
J’ai par le passé été principalement le jouet de sentiments faussés. Tenir pour vrai un amour de jeunesse, mit à l’analyse des faits par un regard mature; ne peut que prêter à sourire. Je pense que l’âge, sous le poids de nombreuse expériences, amène nécessairement à une forme de cynisme. Jadis, lorsque je travaillais comme « auxiliaire de vie » pour financer une partie de mes études, l’une des pensionnaires de la maison de retraite m’avait dit pour rompre le silence : « J’imagine que la vision est peu ragoutante jeune homme ? Il ne faudrait jamais vieillir… ». En effet, lui mettant sa couche machinalement, j’essayais de ne pas faire attention aux fesses flasques qu’elle me présentait… Qui serait assez détraqué pour préférer un corps usagé, plutôt que les chaires appétissantes et fermes d’une adolescente ?
Il n’y a pas de sentiments amoureux sans attirance physique. Toutes propositions contraires n’est qu’un mensonge, ou une forme de masochisme… Alors me demanderez-vous, et les moches, n’ont t-ils pas eux aussi le droit à l’amour ? Je répondrais, en disant qu’ils le peuvent si leur porte monnaie contre balance leur laideur. Dans le cas contraire, il revoit leur prétention à la baisse et se trouve un boudin ou prennent la main gauche s’ils sont droitiers... Ils font ainsi fi de leur image interne, tel qu’ils s’imaginent, et font preuve de réalisme.
Cependant, nous avons toujours dans l’idée de trouver mieux ailleurs. Tel un client sur un étal de tomates, à palper les plus charnues, en veillant à la couleur et aux petits défauts… Le choix est difficile, cornélien !
Le temps qui avance inexorablement est comme une plaie ouverte qui manque de nous éventrer. Ramasser ses tripes, devient une activité à par entière tout du long qui nous reste…
Sublimer ? Comme transcender le désir et le projeter sur l’image pieuse du Christ ? Le petit malin, même dans la tombe, il a son harem ! Je vois encore cette bonne sœur expliquer l’Universalisme de son amour, sa multiplicité, duplicité ? « Quelle égoïsme d’aimer un seul homme dans sa finitude, alors que Dieu est éternel ! », disait elle, tout en caressant le dos lubrique de sa main… Non, véritablement il y a quelque chose de pourrit dans son royaume. La chasteté est l’un des plus grand vice. Un pêché vis-à-vis du corps, seule idole à révérer. En effet, réfréner nos pulsions sous couvert de bienfait post-mortem est une pathologie grave…

Qui a-t-il comme autres plaisirs que le sexe et la bouffe dans ce bas monde ? J’avoue que ce n’est pas casher, mais j’ai appris a aimer le porc. C’est le seul animal utile pour les xénogreffes…
J’avais pris l’habitude de jouer avec la nourriture. Katsumi me grondait souvent pour mes manières. Elle trouvait que je ne respectais pas assez le gibier… Alors elle faisait toujours une prière de remerciement à l’animal qui s’était donné pour notre survie, comme une résurgence animiste…
Ce qu’elle préférait manger c’était les parties nobles comme les jarrets, ou la poitrine. Quant à moi, mon attirance allait d’avantage vers les abats. Vous me direz, les goûts et les couleurs… En tous les cas, avec un petit Châteauneuf du pape rouge, millésime 2005; importé directement de France par l’intermédiaire de Laurent, c’est à se manger les doigts de gourmandise !

Vous êtes tous des viandards, n’est-ce pas ? Bien sûr, certains n’ont pas d’appétit pour des espèces de la famille des équidés ou des félins… C’est tout naturel de ne pas vouloir manger un animal en qui l’on a mit un zest d’anthropomorphisme, de sentimentalisme. Mettre dans l’assiette son chien, n’est pas concevable pour la bonne raison que nous y avons investit du temps et des soins. Nous ne domestiquions pas celles qui venaient dans notre abattoir, ainsi il n’y avait pas d’attache. Pas d‘avantage de procédés inhumain, aucune industrialisation de masse. Quoi que nos opinions différaient sur l’utilitarisme des chaires. J’y voyais un principe de préservation, alors qu’elle jouissait plus d’un sentiment de toute puissance, de domination vis-à-vis du faible… Ainsi, pour moraliser notre affaire, nous établissions un contrat synallagmatique avec la plus part de nos victimes. C’est au Cambodge que j’ai eu cette idée. Alors que nous visitions des temples dans la région d’Angkor, nous fîmes une halte dans un village déshérité. Les chemins boueux nous ont mené au seuil d’une maison entaché par le deuil. Une femme nous accueillit par des cris et des gestes demandant de la suivre. Au premier niveau de l’habitat Khmer sur pilotis, une grand-mère édentée observait la scène… Dans la pénombre, au milieu de sa famille se partageant un repas, je vis une jeune enfant rachitique refusant la nourriture. La première des choses qui attira mon attention fut les dermatoses noires sur ses jambes, signes évident d’un déficit immunitaire. La mère suppliait pour sa fille. Nous ne pouvions plus rien faire pour elle, et ses grands yeux me disait la même chose… D’après ce que Katsumi eut compris de son histoire, la jeune fille avait suivit sa sœur à Phnom Penh pour se faire rapidement de l’argent. Les membres de la famille étaient tous soudés, mais leur élevage périclitait. En outre le mari avait sauté sur une mine, en essayant d’agrandir la surface des terres cultivables… Le Sida fait toujours des ravages dans les populations campagnardes, car leurs informations sur le sujet est comparable à un ministre de la santé post Apartheid qui conseillerait de manger certains légumes pour ce prémunir du VIH, ou d’un marabu prouvant par a+b que ce taper une vierge laverait le sang de ses impuretés… Nous avons laissé un tube d’aspirine sans contre partie. Katsumi précisa ma pensée : « Sacrifier une vie pour préserver la communauté serait le deal ». Théorie Malthusienne en action…

V, 3. Les transmissions






Les transmissions pour le passage d’équipe ce déroule au pavillon 14a. La cadre du service fait un laïus sur les défaillances de sécurités : les rasoirs qui ne sont pas nominatifs, les portes que l’on retrouve ouvertes, alors qu’elles ne devraient pas… Reposant en épouvantail les deux pauvres soignantes de Pau, massacrées par le sabre vengeur d’un psychotique téléguidé… Tout le monde hochait de la tête en signe de compréhension, l’air grave, lorsque Sylvie ouvrit la porte du bureau en trombe : « Ah c’est pas vrai ! Vous sentez l’odeur dans le couloir ? On peut suivre à la trace Fabien, il en a foutu partout ! ». C’était son cadeau envers toutes ses mamans. Sauf que le gros bébé de 80 kilos ne mettait pas de couche, il ne l’aurait pas gardé longtemps, détestant tout ce qui touchait son corps… Quand Fabien était mécomptant à l’occasion d’une raison obscur, ses selles, il les mangeait. Elles préféraient de loin sa coprophagie…
« N°3 égal à lui-même; N°4 transsexuel en perte d’identité; N°7 diarrhée verbale; N°9 en pré D.T. ( délirium trémens ); N°10 pervers sexuel, faire gaffe avec la petite N°2; N°14 visite des parents, l’un des seul qui a cette chance; N°17 sous la douche ! Mais avant, on va se prendre un petit café… »
Au 14a les journées s’écoulaient lentement. Il n’y avait absolument rien à faire, autant pour les patients que les soignants qui trompaient d’ailleurs l’ennuie en lisant le journal ou en surfant sur internet et les sites de rencontres… Les psy. c’était pareil, ils ne prenaient même plus la peine d’écrire des comptes rendus construits. Le schémas était tellement connu pour certains, qu’ils dessinaient leur parcours à l’avance : Alcoolisation massive = « Urgences » > placement en H.O. au 14a > cure de désintox > Levé d’H.O., retour à domicile > « Urgences ». Un grand « spleen » planait sur les équipes, ils savaient pertinemment n’être que des « gardiens de prison » améliorés. L’une des infirmières éclata en sanglots un jour, disant qu’ils ne faisaient pas les choses « bien ». La cadre lui expliqua qu’elle ne pouvait pas les sauvés d’eux-mêmes, qu‘il fallait prendre cette fameuse « distance thérapeutique » … Elle compris, et parti se faire embaucher aux Urgences, en amont de la chaîne en somme…
Dehors, sur la terrasse entourée d’un grillage vert de 2 mètres 50 de haut, une patiente du nom de Madame Tellini entama la discussion avec Sylvie : « dans mon pavillon, ils ont un « ergo » en sous-sol. On peut y aller et faire des activités. J’ai l’impression qu’ils sont plus nombreux que vous ».
- Ah bon ?! Celui qui est en face ? Je ne savais pas… C’est vrai qu’on s’ennuie un peu ici. Mais il y a des jeux de société si vous voulez ?
« Ouais, mais ce n’est pas comme dans mon pavillon… Pourquoi est-ce que vous rigolez ? »
- Non, pour rien, mais je note que vous dites « mon » pavillon, comme si c‘était chez vous…
« Vingt ans que j’y viens par intermittence, je sais que ce n’est pas glorieux… Mais quelque chose me dit que je ne reviendrais pas. Une force, la force de résister à la tentation… »
- 3.9 c’est tout de même élevé comme alcoolémie… J’en connais peu qui pourrait résister à une telle dose… Un verre pendant le repas ca va, mais…
« Ah ! Vous avez lu mon dossier… Je croyais que c’était 3.5 gr/L… »
- Peu importe les chiffres, c’est énorme !
« Hum… J’en étais à une bouteille de Gin par jour, alors peut-être… »
- Vous ne pensez pas qu’il faudrait casser cette chaîne vicieuse d’autodestruction ? On vous a déjà proposé d’aller aux « Alcooliques anonymes » ?
« C’est plus un lieu de rencontre, qu’autre chose… »
- Comment ca ?
« Hé bien des couples ce forment quoi… Et puis certains viennent bourrés… Les groupes ne sont pas encadrés, c’est-à-dire qu’ils n’y a pas de professionnels qui dirigent les débats. Mon parrain a rechuté… alors vous voyez…»
- A ce point ? Vous ne trouvez pas de soutiens dans l’histoire des abstinents ? L’entre aide doit exister ?
« Un baisodrome je vous dit ! Je le sais, j’ai suivi le groupe plus de trois mois… »
- Vous connaissez les problèmes de santé que ca engendre ? J’ai vu des personnes complètement détruites par cette drogue ! Oui, c’est légale… Mais il n’empêche…
« On m’a dit que je pouvais avoir « korsakoff ». Les gens perde la tête, ils sont diminués… »
- Il n’y a pas que cette forme d’Alzheimer avant l’âge… Vous pouvez perdre vos dents, avoir des cancers de la mâchoire, du pancréas… Une hépatite !
« Ca fait réfléchir tout ce que vous me dites… On fait un Rummikub après votre cigarette ? ».

Souvent, lorsque son corps la laissait en paix, non sujet aux affres des excès; elle se disait en elle-même :« qu’il était doux de vivre sans douleurs… ». Réflexion ayant en échos les ordres dans le ton haut d’un aide-soignant décrivant la façon de se laver à Monsieur Montanari. Son reflet englobait le buste lacéré de sa critique esthétique. « Qu’est-ce qu’on fait dans une douche à votre avis ? On ce l-a-v-e-e-e… ».
- Oui, c’est ca, oui… et qu’est-ce que je fais maintenant ? Demanda l’invertébré sans volonté.
« Oh ! Mais ce n’est pas possible. Tu le crois ca ? », il posait la question à son collègue. Celui-ci sourit, et ce mit à le caricaturer devant trois autres patients attendant leur tour à l’extérieur : « d’abord on savonne la tête, puis les épaules, le buste, la zigounette et on descend jusqu’aux doigts de pieds, okay ? ». Monsieur Nechiche rigola en faisant « gilli gilli sur la teub ».
- C’est dure le matin, putain ! Frédéric balança une serviette sur la chaise de la salle des douches et dit qu’il alla faire le petit déj‘…
Chez les « dames », elle entreprit un rasage précis. N°10 lui avait prêté un « Bic» dans l’espoir qu’elle lui montre son maillot… Les hommes sont tellement sûr de leur pouvoir de séduction… D’abord de façon frénétique elle essaya de modeler sa face, comme le ferait un sculpteur sujet à une transe créatrice. Elle tirait, puis raccourcissait son front, ses pommettes; ceci afin de trouver le meilleur angle… Après quelques hésitations, elle en vint à inciser ses deux arcades sourcilières. Ca pisse le sang ses choses là… L’image qualité que voulait donner au service la cadre, devrait en prendre un coup… Satisfaite, elle aurait pu continuer son travail, si son cortex cérébral ne s’était pas mis à « court-circuiter » pour cause de sevrage au Rivotril. Elle ne vit pas son corps convulser sous l‘effet des décharges épileptiques, ni le soignant la prendre dans ses bras, veillant à se qu’elle n’avale pas sa langue… Un moment magnifique, malheureusement effacé…

Dans la cuisine du 14a, les soignants discutaient de son cas. Ils y voyaient une nouvelle étape dans le processus pathologique. L’une d’elle intervint intelligemment et posa : « Son corps est totalement lacéré, et maintenant elle commence à attaquer son visage. Je pense que ce n’est pas anodin. Le visage est l’image que l’on donne au monde, c’est la première des choses que l’on voit. A mon humble avis, il y a négation complète de son corps, et de sa personnalité. Le passage à l’acte est plus que probable… »
Frédéric parla la bouche pleine de pain beurré : « Franchement, si je l’avais rencontré dans la rue, je me serais retourné… C’est flippant de voir à quel point les personnes ne semble pas êtres se qu’elles sont en réalité… »
- Toi, tu es marié, t’as un crédit immo. et un gamin de huit mois sur le dos. Lui lança un collègue en travers de la porte de la salle à manger…
Ce midi, il y avait omelette et œufs à la béchamel. Fabien était dans les pires dispositions possible et enfonçait le mur avec son casque. Lui donner sa pitance mouliné était à haut risque pour les blouses blanche… Tout ce petit monde caché aux regards de la population dite « normale », se restaurait dans des conditions exécrables. Personne ne parlait, certains hurlaient. Avoir en face de soit une Yvonne simulant l’orgasme avec la table ou un pauvre bougre dont les myorelaxants laissaient la langue pendante, donnerait aux mets les plus fins un arrière goût de merde.

La chambre d’isolement comptait quatre pieds en la parcourant. La hauteur sous plafond d’approximativement trois mètres. Verres en plexiglas renforcé pour la porte, même chose pour la seul fenêtre qui donnait sur un extérieur flouté munie de barreaux. Lorsque l’on vous met à l’isolement, aucune affaire personnelle n’est autorisée. Vous avez droit à un pyjama confectionné dans une matière synthétique impossible à utiliser pour se pendre, ( il est déchirable très facilement ). Au contraire de la couverture dite de « force » devant peser au bas mot une dizaine de kilos.
Le temps disparaît, non seulement parce que vous n’avez plus de montre, mais également à cause des neuroleptiques et autres benzodiazépines que l’on vous fait prendre de gré ou de force, qui vous mette en « vrac ». La méthode a été validée par certains régimes fascistes pour asservir l’esprit des dissidents… Les patients en viennent souvent à se parler à haute voix pour y trouver un ami. De là à croire qu’il ne sont pas stabilisé et qu’il faut augmenter les doses, il n’y a qu’un pas… Franchis communément.
On a une éternité pour réfléchir dans une chambre d’isolement. Les sons provenant du couloir sont tolérables, car ils prouvent l’existence d’une forme de vie au dehors. On se réconforte de peu. Les soignants ne viennent que trois fois par jour pour les constantes, en apportant le repas et les médicaments. Mais il y en a un qui restait parfois de longues heures en sa présence. Il était différent des autres, parce qu’il était habillé en civil. Les premiers jours il ne bougea pas, il attendait surement le meilleur moment. Dans un coin de la pièce, il l’observait. La promiscuité avec cet homme lui faisait du bien. Au fur et à mesure, il avançait dans la familiarité. Venu jusqu’à son chevet, il s’assit enfin et lui entoura les épaules d’un geste protecteur. Le dialogue a pu donc s’ouvrir en confiance. Il usa d’un ton empathique, et dit :
« Tu as oublié plus d’informations, que d’autres n’en eut appris en une vie. Mais il n’est plus nécessaire de ce faire du mal pour se souvenir. »
- Je me rappelle… A bien des égards ce confinement ressemble à la cave de mon enfance. Combien d’heures ai-je pu rester reclus en l’attendant ? Ce n’était pas l’acte en lui-même qui me faisait horreur, mais son anticipation…
« Ce n’est plus qu’une ombre. Cesse de trembler et soit un homme ! »
- Monsieur sera toujours présent, peu importe la forme qu’il endosse. J’aimerais m’arracher la peau et en mettre une autre…
« Tu n’étais pas responsable. Il avait l’ascendant en tant qu‘adulte et médecin de famille »
- Mon dieu, qu’ai-je fait !
« Mais voila, tu es doué d’un libre arbitre, et rien n’était écrit à l’avance. Tes actes de contritions ne peuvent t‘absoudre. Combien de crimes commis en son Nom ? … »
- Martyriser ma chaire n’a donc pu travestir mon âme… Pourquoi n’as-tu pas réfréné mon appétit ?
« Siegfried, souviens toi… Tu m’as mangé ! »

V, 2. En fractale, je pouvais me dissoudre



La danse a toujours été pour moi le meilleur moyen d‘extériorisation. Amener la musique dans son corps en y dirigeant chaque vibrations est d’une volupté sans égale. Je comprends fort bien les derviches tourneurs…
Aux sonorités de la musique techno, je convulsais, communiais, et mettais en résonnance chaque atomes. L’impression de faire partie de quelque chose de plus grand que soi, libère dans une forme de jouissance cathartique. En fractale, je pouvais me dissoudre dans le creux des battements d’un organisme, plus grand que la somme des parties…
Il ne faudrait jamais s’arrêter de danser au risque d’y perdre le rythme. Alors elle rentrait dans ma ronde. Nous étions dans le centre. Le D.J. disséminait ses « bits », le totem vibrait. Elle ondulait autour de moi, en phase… Concentrique, les lignes courbes de centaines de bras anonymes saisissaient le vide. Elle me souriait.
Sur les promontoires, des centaines de filles cherchaient leurs pitances. Les clients achetaient leurs consommations en gros, sur des bum-bum tachycarde électro. Les bouteilles trônaient sur les tables. Les serveuses standardisées en chemises blanches et cravates noires slalomaient entre les demandes. « I want a bottttle, not a glassss ! » essayait de se faire comprendre l’un de mes « amis » frenchy. La plus part des habitués du « Club66 » s‘était donnés rendez-vous dans l’endroit de perdition le plus couru du moment. Laurent avait fermé plutôt. Ce tenant à une table d’à côté, il discutait avec un type de ma connaissance. Il s’appelait José et travaillait dans la plasturgie, son entreprise l’ayant mit en chômage, il grillait ses Assedic ici... « Hé Siegfried ! Comment va la vie ? », dit-il, me reconnaissant.
« Elle se maintien, merci ».
- Ont t-a vu danser avec cette bombe atomique ! T’as vraiment du style !
« Je vois que tu es aussi en bonne compagnie ». Une poupée Thai siliconée tanguait à son bras…
- Ouais, elle est ici en vacances, tu le crois ? En fait elle vient d’Allemagne. Je ne comprends pas grand-chose à ce qu’elle me raconte. Tu parles teuton ?
Laurent coupa, mâchoires fermées « Tu ne devrais pas rester avec Katsumi, je regrette de te l’avoir présenté. C‘est une véritable harpie… »
- Au contraire, nous sommes très bien assorti. Dis-je, en me servant une rasade de leur vodka. « J’ai du mal, lorsque l’on me dicte mes choix… On dirait ma mère… Relax, je gère ! ».
« D’ailleurs où est-elle passée ? »
- Elle va revenir avec un « cadeaux ». Ai-je relevé, les sourcils en V…
« Ich möchte a dick » hoquetait la Berlinoise.
José nous regarda étonné, puis lui envoya deux « Ferme ta gueule ! ferme ta gueule ! », bien senti. « Vous voyez ? Elle capte rien ! », il rigolait…
La musique augmentait de volume, les corps gesticulaient en cadences accélérées.
« Je vais lui remonter les cheveux aux chiottes. J’reviens ! ». Hurla-t-il, en disparaissant derrière deux jeunes suédois qui se « seringuaient » avec du bailaise.
- Plus elles sont vieilles et vulgaires, plus il trip celui-là… La boisson demandait d’allumer une cigarette pour atténuer la brulure de l’alcool.
- Quel est-ton fantasme Laurent ?
« Je les ai tous assouvis » me répondit-il en claquant sa langue sur son palais.
- Arrête ! Tu veux me dire que tu as déjà baisé avec des lady-boy ?
« Moi, j’aime quand sa dure longtemps. Et plus c’est fort, mieux c’est. Je ramone dure. Il me faut beaucoup de temps pour jouir. Quelle femme peut tenir la route avec autant d’endurance ? »
- C’est vrai que certains sont tellement bien façonnés par le scalpel, qu’ils peuvent être désirables... Avec un effort d’imagination !
« Oui, mais attention, ca sue comme un mec, ca sent le mec… »
- Tu l’as fait plusieurs fois ?
Il opina de la tête « Que veux-tu que je te dise ! J’aime défoncer des culs. Peut-être qu’en même temps… je me faisais du mal…
L’on se rapprochait dans notre histoire, lui aussi voulait fouler du pieds son autre vie. Celle d’un homme bien sous tous rapports. Il détruisait tous les concepts romanesque du prince charmant, pour revenir à l‘état de nature. La bête gagnait et ravageait jusqu’à l’estime de soi…
« This is just a question of time », crus-je entendre dire derrière moi. Katsumi me faisait face, elle était accompagnée de deux charmantes créatures. Les avançant vers moi, elle me dit : « Tient ! voici tes cadeaux. Le patron nous les prête, je suis actionnaire de la boîte… Rassure toi, elles sont saines, il les contrôle mensuellement… »
Quelque chose avait dû m’échapper, et je lui fit remarquer que j’étais avec elle, et personne d’autre…
« Tu as l’instinct de propriété mon cher ? Crois-tu me posséder ? », siffla-t-elle.
- Et je suis censé en faire quoi ?
Laurent, dans l’oreille, me glissa que je l’avais bien trouvé… Trouvé quoi ? Je pouvais me voir dans ses yeux vitreux…
« Montre moi combien tu m’adores ! »

Dans le lit à baldaquin de sa propriété, deux nymphes dansaient pour moi au son de « personal Jésus ». Katsumi m’encourageait dans chaque geste d’intimité, alors qu’elle se faisait mouiller à distance sur son sofa. Ma virilité à l’épreuve du feu était aidé par la ligne de coke que nous avions snifé dans sa limousine. Je bandais comme lors de mes poussés de puberté…
Dans un état second, entre les jambes de l’une d’elle, je me remémorais l’instant d’extase où en Marie je me fondis. Je crus connaître le moment exacte de la fécondation… Chaude et humide, haletante, elle me tenait fort en elle. Les peaux comme une seule enveloppe. Sur mes cuisses, le liquide brulant de la passion…
L’odeur de miel des deux corps, me donnais une véritable appétence. La lumière orangée des candélabres dansaient en harmonie avec les gestes de Katsumi, qui s’était mise à onduler devant la représentation d’une scène du Râmâyana. Immense et fantasmagorique, le chef d’œuvre s’animait… J‘exultais, mon Univers était en expansion, sans fin. Un état que l’on aurait voulu reproductible, et qui comble du désespoir se résorba… Mon édifice mentale s’effondrait à nouveau, en airant de mémoire en mémoire, dépossédant de la jouissance de l‘instant. Le poids de la fille insistait contre moi, c‘est-ce qui me rappela à la fange terrestre comme une pesanteur… J’eus à nouveau l’effrois de n’être qu’une coquille vide, concept morbide qui prenait prise dans des occasions particulières de « petite mort ». Paradoxalement, ce qui me donnait du plaisir contribuait également à me déconstruire. Je voulu redonner rapidement des bornes définit à mon contenant, sinon je pouvais me perdre à jamais dans l‘indifférencié…
La chaire allait être mon salut. Alors comme un boulimique insatiable, je me remplit le ventre pour combler l‘anxiété. A pleine dents, je mordis la gorge chaude tendu là, à ma disposition. Déchiquetant et rompant les carotides de ma bête sacrificiel. Le sang jaillissait, à nouveau je redessinais mes traits… Au même moment, Katsumi rattrapa sa cavalière et lui brisa le cou, stoppant net ses velléités hérétiques de schisme. Les personnages Védique ne bougeaient plus, ils regardaient un autre mythe fondateur ce créer… Yeux révulsés, ma partenaire esquissait un sourire désarticulé. Je l’embrassa goulument et Katsumi, déjà ouverte au plaisir, me rejoignit au banquet. Nous nous sommes ainsi restaurés des cadavres dont je ne pu me rappeler les noms, mais quelle importance, puisque nous les avions assimilé bouchée après bouchée ?
« No money, no honey… My sweet love Siegfried, sert moi dans tes bras ! », me dit-elle carnassière. Couchés et enlacés, dans le reflet d’une glace fixé au-dessus de la couche, je me représentais le caducée… « mieux vaut cru que cuit, Katsumi… », ai-je répondu comme conseil gastronomique.

PARTIE V, 1. La dissimulation

La dissimulation est un art que la nature a cultivé aux fils de l‘évolution. Que ce soit dans le règne animal ou végétale, cet outil sert autant à échapper aux dangers qu’à la prédation… Pour l’homo sapiens sapiens ce raffinement excelle avec le langage construit. Tout le monde en use plus ou moins sciemment dans les actes de la vie quotidienne. Il n’y a pas à avoir honte de se que l’on n’est pas, mais bien de se faire démasquer… Il est très difficile de se reconstituer une « persona » lorsque l’on est découvert… Diriger la conception que ce font les autres de vous-même par l’analyse fine est un long travail… Laisser une fenêtre ouverte pour le jugement n’est jamais bon, il faut leur donner tous les éléments sous la forme de suggestions savamment formulées. L’usage le plus couramment pratiqué dans le monde du travail est de shooter un membre en le critiquant, par exemple sur sa moindre productivité, ce faisant l’attention est détourné de son propre cas. Pour un temps, l’on peut même s’associer à un groupe de dénigreurs… Attention, ca tourne ! Personnellement je préfère employer une méthode passive dans les relations interpersonnelles, consistant à les faire s’épancher sur eux-mêmes, ainsi je peux adapter mon comportement de façon adéquate. En fin de compte, j’en finissais par être un concept marketing pour la real tv, catégorisé pour être le plus universel possible afin de capter l’audience…
La stabilité est une illusion en grande partie construite sur la peur de mourir. L’identité donne une notion de limite, qui nécessairement renvoi à sa propre destruction. L’on ne peut raisonnablement penser traverser le temps sans changer. Comme disait Lavoisier « Rien ne se perd, tout se transforme ». Ayant compris cette notion principale d’inconsistance, j’ai choisi d’être une société anonyme à responsabilités limitées, les tentacules sur chaque continent. Je mets donc « mes salariés » en compétition permanente, ce qui implique une conception managériale darwinienne. Les moins adaptés se supprimant d’eux-mêmes…
Les relations superficielles avec les collègues sont hautement gérables, il n’en est pas ainsi dans un contexte intime. Au départ, je souhaitais faire durée notre relation par pur confort. Pour faire comme les autres, comme les parents… Construire ! L’erreur est de s’attacher, car l’on souffrira inéluctablement de la perte. Je n’ai pas souvenance d’un seul couple dont l’histoire ce termine bien. Au plus proche, j’ai gravé en mémoire une situation vécue dans mon enfance où ma mère m’avait fait croire en un jeu. Il était question qu’elle se cache avec mon petit frère dans ma chambre, et à l’heure où mon père rentrait du travail, je devais lui dire qu’ils étaient partis tôt dans la matinée en me laissant seul à la maison. Déjà à l’époque leur couple battait de l’aile et de mon jeune âge, j’avais tout de même noté que quelque chose clochait puisqu’il dormait sur le canapé… L’amener à penser qu’elle l’avait quitté en emmenant Sébastien, rétrospectivement, j’ai trouvé ca bien bas, et légèrement outré qu’elle ne s’enfuit qu’avec lui…

Est-ce qu’effacer quelqu’un de sa mémoire peut être considéré comme un meurtre ? Cette question, je me la pose en observant mes mains, en perspective, Marie au loin. Mes actes de présence s’espaçaient comme peau de chagrin. C’est ainsi que je ne m’aperçu pas de la détérioration de son état de santé. Sa sœur m’avait prévenu qu’elle souffrait de douleurs abdominale et d’hémorragies. Le diagnostic mit longtemps à venir, mais l’échographie fut sans appel, la nidation de l’œuf c’était faite en dehors de la cavité utérine… Après l’administration de Methotrexate, elle due faire un curetage. Nous avons rompu peu de temps après…
Qui a-t-il d’autre à ajouter ? Rendre hommage au seul être de la création, qui de par son amour a pu me faire assez mal, pour me sentir humain…
J’étais l’expression même de l’Homme en ayant parcouru tous ses aspects. Il fallait maintenant que je traverse ce corps et cet esprit. Le prix à payer devrait être infime pour le bénéfice escompté…

IV, 5. Sur la plage, je lisais « les échos »










Sur la plage, je lisais « les échos » avec deux jours de retard. Nous étions en pleine crise financière à ce moment là. Les Etats nationalisaient à tour de bras les dettes des établissements bancaires. Les analystes financiers « brainstormaient» sur d’autres titrisations possibles… On s’écriait que les pauvres nous avaient foutu dans la merde à se mettre en faillite personnelle… J’en riais. Les leçons de trading de Damien m’avaient été profitables. Je jouais aussi au casino, mais à tous les coups je gagnais. Il suffisait de parier à la baisse sur n’importe quel titre du SRD. J’engrangeais les plus-values… La psychose d’une grande dépression avait fait son nids dans tous les esprits. Les fonds de pensions retiraient leurs billes à tous prix, même si la capitalisation boursière des entreprises représentait moins que leurs capitaux propres… Les gens sautaient des tours… J’ai ainsi démultiplié mes avoirs en cliquant sur des ordres électroniques d’achats-ventes.

Les imprimeries fabriquaient des billets à profusion. On les jetait même par hélicoptère ! … Quasiment sans valeur réelle, tout juste symbolique. Les chômeurs les utiliseraient bientôt comme papier cul… L’or atteignait déjà des sommets. « C’est l’inflation qui résorbera les déficits », pouvait-on lire. Les photos de consommateurs Allemands dans l’entre deux guerres, achetant leurs pains avec une brouette de papiers, m’effleurait l’esprit…
La loi de l’offre et de la demande est la théorisation la plus pure qui soit. Elle est compréhensible pour tout à chacun. Si il y a moins de demande et que l‘offre reste constante, une régulation devrait donc s’opérer afin de réajuster les prix… Lorsqu’il s’agit du commerce de la chaire, l’offre ne se tarit jamais, même en temps de grisaille économique. C’est ainsi que dans le grand bazar il ne faut pas hésiter à marchander. « Take a look around you. Less customers than usualy ! »
J’avais l’habitude de ne sortir de mon condo qu’après dix-sept heures trente, heure à laquelle la bourse de Paris clôture. Ensuite je faisais quelques longueurs dans la piscine de l’immeuble qui se trouvait au dernier étage. D’en haut, je pouvais profiter d’une vue imprenable sur les petits commerces agglutinées autour d’un des seuls temples de la ville. J’y étais allé un jour, en compagnie d’une autochtone. La majeur partie de l’édifice ce constituait de quatre énormes rampes d’escaliers, ce terminant par une petite plateforme sous un dôme. A l’intérieur de la stupa, nu pieds, l’on devait ramper jusqu’à bouddha et lui offrir un bouquet d’encens et de fleurs. Les plus fidèles collaient de l’or vingt-quatre carats sur son corps. Comme ce peuple n’a pas peur du mélange des genres, dans un angle du lieu saint, entourées des portraits de moines défunts, plusieurs machines à sous sensées lire l’avenir dans les astres, finissaient la visites…
Ce soir là, j’avais rendez-vous dans un restaurant Français, situé sous le « Europeans only ». Très design, l’établissement était l’un des plus chic de l’artère. En traversant la terrasse et la salle de billard, quelques tables intimistes ce trouvaient en retrait au bord d’une verranda donnant sur la mer. Laurent prenait un café, hypnotisé par la finale de Rolland garros retransmise sur écran géant. Le sport ne m‘intéressais pas, et encore moins suivre les exploits sous amphétamines de millionnaires courant après une balle… Quels intérêts ? « Quitte à regarder le sport à la TV, tu devrais en faire. Je ne veux pas être médisant ou alarmiste, mais tu as le teint blanc et cireux d‘un patient en phase terminale… » lui dis-je, le regard capté sur l‘échancrure d‘un dos. Il passa outre l‘ironie, assortie tout de même par un « p‘tit con va ! ». Et se retourna : « Je vois que tu mattes la beauté qui siège derrière nous… Attention Siegfried, celle-ci est au sommet de la chaîne alimentaire ». Habillée dans une robe de soirée noire, une femme s’y distinguait. Il émanait d’elle une aura d’harmonie, aux gestes emprunts d’une grasse toute orientale. Je n’écoutais plus Laurent… On aurait dit que chacun de ses mouvements retraçaient une scène mythologique. Sa tenue était comme une seconde peau, mon regard pouvait caresser chaque muscles de son corps finement ciselé. Si la première impression est la bonne, je me suis laissé envoûté par son charme vénéneux. Car elle dominait dès l’instant où son regard croisait sa proie… Attirée, elle s’est glissée majestueusement entre les tables, pour se lover entre nous. « Alors Laurent ! » dit-elle en souriant, de sa dentition parfaite. Son visage ne portait pas les stigmates de l’âge, seules les marques d’un sourire permanent. « Tu ne me salues pas ? Qui est donc ton nouvel ami ? ». Embarrassé il me désigna en levant le menton : « Katsumi, voici Siegfried, un compatriote. ». « Je suis ravis de vous rencontrer Madame », dis-je, me voulant tout autant révérencieux que son maintien l‘exigeait. « Oh Madame ! Mademoiselle s’il vous plaît ! Je n’ai pas assez d’un homme, pour être une Madame. ». Je lui baisa le dos de la main. « Tu es charmant jeune homme ». « Votre Français est parfait, et votre accent un ravissement Mademoiselle ». Elle se tint les joues des deux mains rapidement, puis dit : « Je l’ai appris dans un lycée Français ». « Et d’où venez vous exactement ? » Lui demandais-je interloqué. Car non seulement elle maîtrisait parfaitement la langue, mais en plus sa peau blanche lui donnait d’avantage l’air d’être Japonaise que Thaï. « Je suis née à Bangkok et y ai fait toutes mes études. Je viens me divertir dans cette ville de temps en temps. ». « C’est une petite fille riche et capricieuse, oui ! », intervint Laurent d’un ton laconique comme à l‘accoutumé. Il y avait quelque chose en elle, d’une grande maturité, que sa physionomie ne reflétait pas. Les yeux plissés vers lui, elle tira la langue. L’on éclata tous de rire. Elle était issue de l’aristocratie. La famille avait fait fortune dans les essences rares et le teck en particulier, dont il possédaient des forêts entières jusqu’au Laos…
Nous continuâmes notre discussion confortablement installés devant le flot permanent de la foule multicolore; laissant Laurent au bar, à parler business avec un propriétaire de fitness pour occidentaux friqués. Nous observions la même chose dans cette profusion ininterrompu : Le petit jeu des gosses vendeurs de fleurs et autres bracelets fluorescents. Ils s’accrochaient tels des sangsues aux flancs des touristes pour leur vendre. L’agressivité les agitaient… « Tu vois cette enfant Siegfried ? J’aurais pu être comme elle, si mon âme n’avait pas migré dans la bonne famille… », me dit-elle pensive, son teint empourpré par les néons. « Tu crois à toutes ces conneries de métempsychose ? J’ai vu une de vos émissions, dans laquelle un moine expliquait sans sourciller, qu’un homme ayant dans une autre vie castré un chien était dans la seconde atteint d’un cancer des testicules… ». Elle s’esclaffa, « Effectivement, c’est un enseignement de la loi karmique. Cependant, la simplification est de mise pour la masse. J’ai étudié nombre de philosophies. J’adhère le plus facilement au texte de la Bhagavad-Gîta. Evidemment tout livre de foi est métaphorique… mais connais-tu ? ». J’avouais, plus qu’imparfaitement.  «  En substance, Arjuna fils héritier d’un royaume, devait combattre sur un champ de bataille sa propre famille, car telle était la volonté de Krisna. Il faut se livrer corps et âme dans les combats de la vie. Puisque la mort n’est rien, il faut accueillir toutes les expériences en soi, bonnes ou mauvaises, peu importe... Le Brahman, dans ce cas particulier, peut advenir en taisant le tumultueux ego dans un bain de sang fratricide »
- Agir sans être lié à ses actes… Personnellement je me nourris de tout, dis-je. « J’aime comme j’haïs. Je ne me soucis plus guère de la morale. En ce sens je tends vers la liberté la plus grande… ».
« A vrai dire, je m’ennuis Siegfried. Je crois pouvoir dire que nous nous ressemblons. Ma fortune m’a permis de me libérer des contingences matérielles. J’ai traversé le monde et observer les hommes, leurs coutumes, leurs façons de vivre. J’en ai tiré un enseignement édifiant. Malgré le sentiment de puissance que la connaissance prodigue, j’ai vite été rattrapé par la solitude... »
- Je ne saisis pas, dis-je, fasciné…
« L’un de vos philosophes a décrit cet état par l’allégorie de la caverne. Regarde tous ces esclaves enchaînés à leurs croyances erronées, ne voyant pas plus loin que le bout de leur verge. Tu es tout autant fatigué de porter le poids de la vérité. »
- A mon sens, je suis le seul dieu qui existe…
« Et je sens en toi une fureur grandissante. Si tu es un dieu, tu serais celui de la destruction ! ». Elle était tout à fait en phase avec mes propos.
Tendant l‘index vers la rue, « Oui, il veut faire disparaître toute la création. Le cycle est bientôt clos. Le serpent se mord la queue…
« Sais-tu que les étrangers se suicident d’avantage ici, que n’importe où ailleurs dans le monde ? »
- Pourquoi selon toi ?
« Et bien… Ils viennent assouvir tous leurs fantasmes à sin city. Quand ils s’aperçoivent que malgré toutes les drogues et la multiplications des rapports sexuels, cela n’est toujours pas suffisant à ce qu’ils croient être le bonheur… Ils s’arrêtent… interrogatif devant le néant : Qui a-t-il au-delà ? »
- Aurais-tu la réponse ? Ai-je demandé en dodelinant de la tête.
Elle lécha ses lèvres. « Je pourrais te prendre sous mon aile, et partager mon royaume avec toi… »
Ses seins pointaient sous sa fine robe de soie, comme si elle était en proie à une vive sensation…
- J’ai faim ! Répondis-je, gargantuesque, main sur la panse.
« J’espère que tu as bon appétit »

IV, 4. style III Reich


La nuit était encore jeune et j’avais décidé de m’enivrer jusqu’à plus soif. J’enchaînais whiskey-coca, bières, kamikaze ( spécialité du « Montaigne » ), mélange de curaçao, vodka, tequila, et zest de citron… Lulu pris un appel et me dit en aparté : « Tu as rendez-vous avec ton tube d’aspirine demain matin, sans fautes ».
J’ai offert des fleures vendu par des Romanos, à toutes les filles potables du bar. Participé à toutes les discussions des philosophes de comptoirs… Ne voyant rien venir, je résolu d‘aller « aux gémeaux » : « Prost ! Santé et prospérité ! ».
La boîte ce trouvait à côté d’une gare imposante de style III Reich. Des ombres parmi les ombres y maraudaient allant tour… L’extérieur aux murs ravalés ne payait pas de mine. Dans le sas de sécurité la mafia Slave veillait aux grains. Fouille corporelle, patte blanche; vingt euros, deux consommations gratuites… Mais une rapide étude de marché me fit tenir les murs, pour que mon corps libère un semblant de réflexion. Cette soirée m’avait déjà couté très chère. Concrètement je voulais oublier mes responsabilités envers Marie. Par un résonnement absurde je me disais pouvoir me suffire à moi-même. Et une pulsion érectile accueillit la résolution du problème : puisqu’elle ne voulait plus de moi, j’allais lui démontrer que j’étais capable de passer à autre chose en un clin d’œil…
C’était la première fois que j’usais de la baise tarifée. Je n’ai pas choisit la fille, n’importe laquelle faisait l’affaire. De toute façon, la lumière des réverbères et quelques artifices ensorcelaient l’apparence…
Dans une 205 pourrie elle m’amena dans son hôtel de passe. Il y avait un lit et un évier. Elle s’appelait Cameroun… La sodomie était en supplément. « Déshabilles-toi, n’oublies pas la capote ». Mon état de saoulerie devait être tel que des bouts de films manquaient. Le temps de me débattre avec ma chemise, elle était déjà en position. Accroupit, ses grosses fesses noires cambrées, elle gardait un bustier laissant dépasser deux mamelles. Comme il est difficile de toucher un autre corps, que celui d’un être cher avec qui l’on a passé l‘essentiel de sa vie amoureuse ! Tout était si étranger, du goût au touché… le geste était programmé pour faire jouir à brève échéance.
Une nuit, Marie s’était réveillée toute tremblante. Dans la chaleur de notre couche, elle me serra fort le torse et me demanda : « Crois-tu que tout est inutile dans ce monde ? Je veux dire, où est le sens de l’existence ? ». Près à tomber dans le grand mensonge du sommeil, je crois lui avoir répondu un poncif du genre « C’est à nous de trouver une raison d’être debout tous les matins. Personne d’autre que toi n’est à même de mettre du sens dans ta vie… ». Il était évident que mes paroles n’avaient pas provoqué le réconfort attendu. Et comble de l’horreur, elle voulait imposer sa névrose à un petit…
Cameroun faisait tout le travail. En bonne ouvrière elle travaillait pour le grand capital. Mes mains blanches sur ses hanches m’excitaient plus que l’observation de mon pénis se glisser dans son con. Mais la nausée me vint lorsque sur son corps, je pus voir les marques de l’enfantement. Il ne s’agissait pas de la gale, non, bien de varices ! Je l’ai retourné brusquement sur le dessus, et hurler une question. Ahurit, elle n’a pas eu le temps de répondre. Sous l’emprise de la folie, je lui est arraché son corsage comme un chien qui gratte le sol. Son ventre cachait l’intolérable. Ca n’aurait jamais dû ce produire. Elle devait extirper le mal de son sein avant qu’il ne soit trop tard. Il fallait bien que je pèse de tout mon poids dans la décision finale. Alors j’ai expulsé le souffle, encore et encore, jusqu’au dernier…
Il est absolument délicieux d‘observer le changement d‘état lorsque l‘aube pointe. Toutes les merveilleuses nuances de la vie réapparaissent des songes. Pourtant il n‘y a pas de mutation intrinsèque. L‘observateur, seul, obère ses facultés de perception… Ainsi, pour la seconde fois de ma courte existence, je me mis à inspirer. Inspirer complètement, profondément. Et d’un souffle, créer ma propre voix. Mes pensées dicteraient à présent ma nouvelle bible. Littéralement.

IV, 3. En salle de vie

En salle de vie.

« Et tout de suite sans transition nous vous proposons de passer dans les coulisses du spectacle »…
« Oui c’est ca, tu crois que tu vas m’avoir ! Arrêtes de me regarder salope ! Non, non, je n’entends plus rien ! Laaaa ! »
« Monsieur Nechiche, qu’est-ce qui vous arrive ?! Vous parlez à la télé maintenant ? »
« Ha ! Ha ! Madame la blouse blanche !… »
« Ce sera Sylvie, pour vous… Calmez vous. Pourquoi toute cette agitation ? »
« Regardez bien Madame, ca coupe à chaque fois. Il n’y a pas de ligne droite, de continuité. »
« C’est normale dans les reportages ou pour les films, il doit y avoir des plans séquences… ca zap quoi… pour éviter les longueurs. On est pas dans la vraie vie. »
« Voilà ! Voilà ! »


Dans la salle de soins.

La cadre de soins :
« Qu’en pensez vous docteur ? »
La psychiatre :
« Nous en arrivons au stade ou les neuroleptiques pourraient provoquer un arrêt cardiaque… La dose fait le poison…»
La cadre de soins :
« Je n’ai jamais vu ca dans toute ma carrière ! … »
Un renfort masculin, infirmier :
« C’est un vrai diable ! On arrivera jamais à le casser ! »
La psychiatre :
« Un fort-ça je dirais, oui. De toute manière, nous n’avons ni les moyens, ni l’expertise pour le garder plus longtemps. Dès demain nous l’enverrons à L’U.M.D ( Unité pour Malade Difficile ) de Sarreguemines. »
Une aide-soignante :
« Voila plus de deux semaines qu’il est camisolé, il commence à avoir des phlyctènes… c‘est plus possible ».
Deux infirmiers devant la vitre de protection de l’isolement :
« Cet homme était patron d’une clinique d’esthétique. Il a surpris un jour sa femme dans les bras de quelqu’un d’autre… Devines ce qu’il lui a fait subir ? »
« Une épilation complète ? »
« Tu y es presque… En fait, il l’a ébouillanté dans une baignoire et écorché avec un rasoir… Et attends le meilleur… Il lui a fourré un flacon de parfum dans le minou !… »
« Nom de Dieu ! »
« Il faudra faire attention, on va lui donner la becquée. La dernière fois Pascal, tu sais du Pavillon 15a, il a pris la décision de lui libérer un bras; pour éviter de forcer et de faire une fausse route… Bien mal lui a prit ! … »
« Ouais je sais, l’histoire à fait le tour. Le pauvre, plus d’oreille… Vas devoir mettre des lentilles ».

Entre deux patients dans la cours.

« Tu aurais une cigarette ? »
« T’as vu la vierge, y-a pas écrit la poste ici ? »
« Et un cierge, que je te le foute dans le cul ? »
« Ha ! Ha! Marlboro ? T’es Chrétienne ? Moi je suis Baptiste ? »
« Je suis plus que ca, je suis vierge ! »
« Quel ascendant ? Non, vraiment tu n’as jamais fait crac-crac ? Ha la la ! Je peux t’aider si tu veux. Tu pourrais prendre du plaisir avec moi. Hein ?! »
« J’ai déjà des bébés. Je fais plein de bébés… »
« La vierge a déjà saigné alors ? Tu m’as trompé ! Pourquoi je tombe que sur des traînés ?! »
« De partout. Souvent quand je saigne du nez ils arrivent. Regardes y en a un là ! Et un autre ici ! Je les ai tous sauvé »
« Qué ?! Comment ? Pourquoi ? »
« Il est passé dans les toilettes, mais après je lui ai coupé le zizi, tu sais ?! Et maintenant c’est un ange. Il est là-haut, haut dans le ciel. Personne ne peux lui faire de mal. »

« Messieurs, Dames, traitements s’il-vous-plaît ! »

IV, 2. Certains décrivent le deuil comme un passage en cinq stades

Plusieurs jours c’étaient écoulés depuis l’annonce de « l’heureux évènement ». Certains décrivent le deuil comme un passage en cinq stades. Je dirais en être resté à la « colère ». Quant à Marie, elle alternait entre rires et pleures, et toutes les heures elle ne manquait pas de m’informer de son état par téléphone… J’avoue m’être réfugié dans un mutisme profond. Et j’ai fait ce que tout homme normalement constitué pouvait faire, je me suis enfuit dans mon travail… Ce qui ne me réconfortait pas le moins du monde, mais cela avait le mérite de me faire penser à autre chose.
J’exerçais en tant que psychologue dans ce que l’on appelle un « hôpital de jour ». Les patients stabilisés peuvent y aller sur prescriptions médicales, comme une forme de dernière marche vers l’indépendance hors de l’institution. Avec les infirmiers, ils pouvaient raconter leurs anxiétés ou les petits bonheurs et les pieds de nez à la maladie, autour d’un café. Jeux de rôles, revus de presse et autre massages thérapeutiques étaient prodigués dans le CATTP d’à côté.
Pour une bonne part, les pathologies psychiatriques étaient dues à l’usage immodéré de l’alcool. L’une de mes premières consultation fut avec un quadragénaire, ancien gendarme. Je lui avais proposé une petite devinette à résoudre : « imaginez un train comprenant une locomotive faisant avancer trois vaguons passagers. Malheureusement une voiture est sur la voix, qui provoque un accident. Où y aura-t-il le plus de morts dans les trois vaguons ? ». J’ai observé son visage se décomposer dans le silence. Il s’était fait dessus… Les dégâts de l’alcool sont impressionnants. Combien ne sont plus capables de reproduire des quadrants en y indiquant les heures et les minutes, ou de se rappeler en quelle année nous sommes… ?
Un cas intéressant c’était toutefois présenté. Dans notre « accueil de jour », les soignants et les patients prenaient leur repas en commun dans la grande salle du rez-de-chaussée. A table je discutais avec la cadre de santé aux problèmes d’hypothyroïdie, des bienfaits de la macrobiotique… Tout en observant le comportement du nouveau venu. Un homme en surcharge pondérale, au cheveux teints en blond, arborant une boucle d’oreille dont un crucifix pendait au bout d’une chaîne esthétiquement trop longue. Ses doigts boudinés tambourinaient un rythme connu. Il conversait avec un jeune artiste schizophrène, au demeurant très doué, il reproduisait à l’infini un être du troisième type de façon stylisé… A un moment donné, il arrêta sa musique, pour poser ses mains à plat sur la table en un tableau qu’il voulu représentatif de la cène. Plein d’emphase il exprima son sentiment d’être un saint parmi les saints, et rompit le pain…
Pour cocasse que cela semblait paraître, j’eus l’occasion de découvrir ce qu’il voulait dire exactement, lorsqu’il parlait de pureté.
Il faut savoir qu’il n’y a pas que des malades dans les hôpitaux psychiatriques. Ca pourrait choquer vu de l’extérieur, mais entre nous, ils y a beaucoup de branleurs qui ont tout compris à la vie… Ils se font cachetonner la gueule par les psychiatres, nourris et logés quasi gratuitement dans leur univers de coton. Certains finalement sortent avec plus d’argent en caisse qu’une honnête aide-soignante qui payent ses impôts pour financer l’oisiveté des malades chronique… Parlent dans le vide de temps en temps pour donner le change : « Bonjour les petites araignées, comment ca va ?! » Et dès que l’on projette une réinsertion par le travail en proposant un C.A.T. ( Centre d’Aide par le Travail ), on s’invente un mal de dos, une histoire abracadabrante d’une infirmière qui a fait une piquouze de Loxapac dans le dos, « dans l’os que je vous dit qu’elle me l’a faite » et que maintenant je peux plus rien faire… Ou des histoires qui commencent par : « hein Docteur que la paranoïa c’est une maladie ? Parce que justement je vois une voiture avec la même plaque d’immatriculation qui me suis tout le temps… ». Evidement je ne parle que d’une minorité.
Dans le cas qui m’a occupé avec « l’ange blond » c’était du domaine de la manipulation du système pénal. Le corps médical n’a pas accès aux dossiers judiciaire. C’est comme cela qu’un médecin généraliste a pu donner du viagra à un détenu en fin de peine, coupable de viol… En ce qui le concernait, il était question de déviance sexuelle, interprétée comme le corollaire d’un accident de voiture ayant entrainé des lésions neurologique… En effet, la littérature scientifique faisait état de certains changement de personnalité suite à des dommages de ce type.
Dans mon cabinet, il usait toujours d’un vocabulaire emprunt de spiritualité. De mande honorable. De monologue sur l’immense amour qu’il portait à ses deux filles. Mais quand il me dessinait ses rapports avec elles. Il représentait un lit avec quatre personnages : la mère, lui, et les deux filles. Mais certaines fois, il n’y avait plus la mère. Et par intermittence, l’une ou l’autre des filles dont l’échelle différait, plus petite par rapport à l‘adulte... A priori, son dénis concernant des actes pédophiles et incestueux, que l’on pourrait qualifier d’impardonnable, par des métaphores angéliques, ce comprendrait fort bien dans un processus de repentir inconscient. Mais la construction me semblait cousu de fils blancs… Alors un matin, dans le bâtiment réservé aux activités thérapeutiques, je me suis présenté à l’improviste. Les rapports médicaux indiquaient des lésions infimes au niveau de l’hémisphère gauche du patient. C’est donc en le mettant en phase d’un miroir, que je lui ai demandé où il avait « mal ». Or il posa sa main sur la tempe droite, avant d’hésiter pour finalement repositionner celle-ci vers la gauche, en cachant ainsi ses yeux avec l’avant-bras… La psychologie n’est pas une science « dure », car difficilement reproductible comme les mathématiques. Ainsi je doute qu’un simulateur de son envergure se fasse avoir une seconde fois avec se genre de subterfuge… Je n’ai jamais posé par écrit mes constatations, d’autant plus que les allégations d’attouchements provenaient de la mère et qu’à cela s’ajoute le fait qu’une des filles c’était présenté un beau jour en sa compagnie et qu’en discutant avec elle, je n’avais pas noter d’Œdipe non liquidé ou une quelconque relation pathologique entre eux…
En fin compte, j’étais épuisé nerveusement par mes propres conflits intérieurs. Et il fallait bien revenir chez Marie à fin d’éclaircir notre relation à deux, voir bientôt à trois…

Je l’aimais cela ne faisait pas de doute. La tendresse, je ne l’exprimais qu’avec elle. Dans mes relations, autant professionnelles qu’en dehors, je posais systématiquement une distanciation. Connaissant l’Homme dans toute sa dimension, et sachant ce que moi-même, je pouvais être à certains moment; c’est-à-dire vicieux et faux, ainsi qu’en même temps capable d’ empathies. Je ne me risquais pas à me dévoiler, car donner une prise sensible, chose essentielle dans l’installation d’une amitié, pouvait être lourd de conséquence lorsque celle-ci disparaissait…
Elle seule connaissait mes faiblesses et mes vanités, pourtant elle ne me les a jamais lancées à la figure. D’une grande douceur, elle me faisait partager sa vision du monde tout en humanisme, prompte à pardonner, même les plus grandes bassesses. Un équilibre parfait c’était installé dans notre relation. Elle compensait ma nuit par son éclat optimiste.
Notre vie parcellaire dans cette ville magnifique qu’est Strasbourg m’inspirait la quiétude. Je me rappelle les longues ballades longeant les canaux et les ruelles étroites témoins de temps révolus. Nos discussions passionnées sur l‘art qu‘elle voulait radical. Les cafés jouxtant la cathédrale. L’ivresse, la fraîcheur de notre jeunesse, la légèreté d’être. J’adorais jusqu’à nos silences…

Dès que je me présenta dans le hall de son immeuble, je fus surpris par l’apparition de sa sœur sortant de l’ascenseur. « Ha ! Tient Siegfried ! Quelle merveilleuse surprise ! ». Il fallait traduire : « je pensais que tu ne donnerais plus de signe de vie ». Et d’un air sincèrement attristé, elle me dépeignait le tableau d’une sœur au bord de la crise de nerfs. Complètement perdu, ce sentant abandonné… « Ce n’est pas à moi de te dire comment réagir, mais il n’y pas de moment plus critique dans la vie d’une femme que celle d’une grossesse. Elle a besoin de soutient ».
L’appartement était dans la pénombre, volets mi-clos. Les cendriers débordaient. Marie m’accueillit dans un bas de jogging et T-shirt XL. Ses long cheveux roux en bataille scintillaient des minces rayons de soleil fragmentés par les stores. Elle alla directement se recoucher sur le clic-clac du salon, couettes relevées jusqu‘au menton…
M’installant à côté d’elle, je sorti une bouteille de champagne de mon sac. Alors évidemment les petites bulles signifient communément la célébration d’un évènement. Je pense qu’elle l’a mal interprété…
Directement j’entama par : « tu m’as toujours dit que tu ne voulais pas d’enfants. Comment se fait-il que tu sois tombée enceinte, tu ne prenais plus la pilule ?». Ce redressant lentement, positionnée à l’indienne, elle s’alluma une autre cigarette… « Combien de fois tu me le demanderas encore ? Je n’ai jamais arrêté ! C’est très rare, mais la protection n’est pas garantie… Pourquoi est-ce que tu viens avec une bouteille de champagne, tu veux vraiment me torturer pour une chose que je n’ai pas voulu ? » Elle me pris la main dans la sienne, chaude et humide : « maintenant je ne te mets pas devant le fait accomplit. Je te demande juste d’y réfléchir. Quelle solution serait la meilleure ? ». Pour moi, c’était très limpide. Je venais fêter sa prochaine IVG. Il n’était pas question de la partager avec un autre être. Je ne suis pas jaloux, juste exclusif… « Marie, nous sommes trop jeunes pour élever un enfant. Imagine ce que serait notre vie. Tous ces voyages que nous ne pourrions pas faire. Et pense à ta carrière ! L’arrivé d’un enfant çà se prépare… Et il faut être deux pour l’accueillir… ».
« Tu veux dire que si je le garde, tu m’abandonneras ? Pour toi c’est simple, c’est ca ?! Ce n’est pas toi qui le porte… La décision me reviens… Tu n’imagines pas le poids… La responsabilité… ». Les sanglots hachuraient sa pensée… Je sentais que la situation m’échappait. Il est toujours simple de juger à froid des cas étrangers à soi. Là j’étais en prise avec des émotions puissantes. Cela me concernait, vraiment ?
« Mon dieu, tes yeux ! Tu devrais te voir Siegfried… Des fois tu me fais peur… ».
J’avais du mal à savoir si elle voulait le garder, ou si la famille ne jouait pas les tiers dans la décision… Peut-être aussi, le meurtre d’un amas de cellules indifférenciées ?
« Tu te rends compte de ce que tu me demandes ?! C’est ton domaine la psychologie, je crois ?! Tu n’as pas l’impression que je revis l’histoire de ma mère ? Je suis capable de donner beaucoup d’amour ! »
En la regardant s’habiller, je voulais dire quelque chose, rien ne sorti. J’étais assis comme un con, l’esprit vide. L’esprit tournant à vide… Quand la porte blindée de son appartement de standing claqua, un éclair me frappa. Pour la première fois, j’avais peur de perdre quelque chose d’important dans ma vie. Cette expérience contrariante transformera notre relation d’une façon irréversible, pensais-je. Ne pas vouloir d’un enfant lui fera sans doutes considérer que je ne suis pas « Le bon » . Un père, je ne serai jamais… Alors quelle sera la suite pour nous ?
J’observais les détails de cette fresque sur les murs de l’ancien hôpital civil. De la fenêtre, éclatant de couleurs, Le Christ surmontait un tas d’ossements ocres…
« Je vais faire un bilan sanguin... J’y vais seule ! », bourdonna dans mes oreilles…
La fumée de ma cigarette montait en volutes bleus.

PARTIE IV, 1. Je ne suis que le reflet



« Il ne suffit pas d’apprendre à l’homme une spécialisation. Car il devient ainsi une machine utilisable mais non une personnalité. Il importe qu’il acquière un sentiment, un sens pratique de ce qui vaut la peine d’être entrepris, de ce qui est beau, de ce qui est moralement droit. »… « Il doit apprendre à comprendre les motivations des hommes, leurs chimères et leurs angoisses pour déterminer son rôle exact vis-à-vis des proches et de la communauté. »

Einstein
Comment je vois le monde.
Education pour une pensée libre.


Je ne suis que le reflet d’une civilisation déclinante, dansant sur les remparts de la cité en feu…

J’ai participé à « la journée d’appel civil », en remplacement du service militaire… Tout une classe d’âge était venue pour réviser les fondamentaux : Allons enfants de la patrie… Clips vidéo de propagande sur l’Armée Française : « Multiple choix de carrière… L’aventure, sous le drapeau »… Test de quotient intellectuel consistant à retrouver les programmes TV suivant les horaires et les dates… ( véridique )… Et à la fin, nous avons tous reçus un très beau critérium estampé « Armée de terre »…
Pour ce qui est de l’éducation religieuse. Mes parents m’ont baptisé sous le poids des traditions et par convention. J’appris plus tard par Durkheim que la réunion du village le dimanche au sein de l’église, n’était en définitive qu’une glorification de la communauté et d’une certaine manière entretenait la cohésion sociale…
Il n’y a jamais personne dans les Eglises, et l’armée n’est plus obligatoire…
A l’heure où les enfants scolarisés séquestrent leur professeurs dans les placards et fument des joints à la récrée. Je doute que les cours d’éducation civique soit bien suivit… D’ailleurs je l’ai vécu. Combien de professeurs devenus complètement cinglés et paranoïaques, passant le plus clair de leur temps à faire la police ? Ou à être en arrêt ?
Augmenter la taille des murs, mettre des caméras aux entrées ( et pourquoi pas bientôt des portiques de sécurités comme dans les aéroports ), n’y ont rien fait. La violence de l’extérieur passe par tous les pores. Happy slapping sur la gueule de l’éducation nationale…
D’après le code Napoléonien, un couple est composé d’un homme et d’une femme. Maintenant ce n’est plus le cas. Les gays et lesbiennes peuvent également avoir des enfants. Par l’adoption, l’insémination, et mère porteuse. Dans un proche avenir, le sperme congelé du défunt pourra même ensemencer la veuve…
La famille c’est réduite à une réunion d’éprouvettes, manipulée par des techniciens du droit et de la génétique.
La famille moderne, c’est du Tchernobyl en barre…

Il y a certainement une perte de repères en ce monde. Nous avons perdu la signification des choses. Comme il ne suffit pas de nommer un objet pour le connaître, notre société nous a dépossédé du jugement. Nous sommes des enfants qui ce feraient punir pour une bêtise qu’il ne comprennent pas. Et l’anxiété ne peut que gagner, lorsque l’on n’appréhende plus les règles du jeu…
Je me rappelle qu’au collège, une de mes camarades de classe était habillée d’un foulard. Sur le chemin de notre cours de Latin, je ne sais pas ce qui ma pris, mais je lui est arraché son sac. Pour m’amuser sans doute… On peut être très con à cet âge là… Elle m’a couru après pendant un temps, jusqu’à ce qu’ennuyé, je lui redonne. Mais évidemment celle-ci était furieuse. Elle m’envoya une claque mémorable sur le visage…
Qu’est-ce que j’appris ce jour là, or mit que Socrate dû boire la cigüe pour outrage aux bonnes mœurs de la cité ?
Et bien simplement que la morale s’expérimente dans la douleur. Non pas le : « ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse », par une forme d’autogestion de ses pulsions, mais bien : « la masse régule les comportements déviants des individus ». Car il faut dire que ces frères sont venus m’inculquer la loi coranique à coup de pierres… afin de bien intérioriser les choses.
A l’origine, les familles réunis en groupe édifièrent les droits et devoirs de leurs membres. Entourées de murs, elles se protégèrent des loups de l’extérieur, et mutualisaient leurs compétences. L’emblème de ma ville est un moulin. Les propriétaires du bien familiale avaient une fille, qui rencontra un étranger… Ainsi débuta l’histoire…
Tout ceci est bien, beau et juste. Toutefois qu’en est-il des instances supérieurs qui nous diriges actuellement ?
Elles sont toutes gangrenées par le vice et l’appas du gain. Ouvrez un journal : Entre la majorité des Lords Anglais passant en notes de frais leurs dépenses privés… Berlusconi, magna des médias et ses putes… Le népotisme de Sarkozy… Que faut-il de plus pour voir la réalité ? Bien sûr vous avez du pain et des jeux, entrecoupé de plages publicitaires qui vous font miroiter toutes ses belles choses que vous pourriez vous acheter à crédit… L’abomination d’une vie fantasmée à travers le tout marchant sous cellophane…
En définitive vous voudriez tout bonnement être comme eux. Ceux qui ont le pouvoir par l’argent. Mais peut être que vous n’êtes pas suffisamment intelligent, ou que vous ne possédez pas les réseaux sociaux qui correspondent à vos aspirations secrètes ? …
Le « Bill Gates du logiciel social » a glissé un virus dans l’algorithme dès l’origine. Il suffirait de le réaliser pour qu’enfin vous vous échappiez du système en vase clos dans lequel tant ce noient.
La libération entraîné par la prise de conscience que toute cette merde stockée dans votre mémoire n’a servit qu’aux desseins de certains nantis; vous emmènera au-delà des apparences, où tout est possible. Car une fois la tabula rasa opérée, vous pourrez comme l’indique la Genèse : « croitre et proliférer »…
En vérité, je vous le dit : la petite au foulard a peut être brulé dans une benne pour son impureté; ou encore violé en réunion dans une cave de banlieue…
« Ce qui importe c’est la force !
- Soit le Maître et détruit tous obstacles sur ton passage ! - Ravage les œuvres des anciens et fais sortir le dieu qui t’habites !
- Soit Dionysos et enivres-toi des vins les meilleurs. Car je te le dis : seul ta vérité compte ! »

PARTIE III Au commencement




Au commencement était le Verbe.

Genèse.

1. Où j’appris que la douleur ne me quitterait plus

A ma naissance, je cria, lorsque l’air s’engouffra dans mes poumons. Tout comme vous.


2. Où j’appris que mes parents me conditionneraient

J’aimais m’amuser dans ce parc, derrière la petite Eglise où j’avais été baptisé. Ma maman discutait sur un banc avec une dame. Moi je faisais des tours de toboggan. Et pour y accéder, il fallait faire un jeu d’acrobaties. D’abord accéder à une tour de guet par une échelle, puis passer par un pont accroché à des chaînes, tanguant lorsqu’on y mettait les pieds. Pour ensuite passer par des barres parallèles au sol et finalement avoir le plaisir de la glissade…
En cet après-midi plutôt grisâtre, les feuilles d’automnes tapissaient le sol. Il y avait aussi beaucoup de marrons, dont l’un s’abattu sur la structure métallique du pont. Un autre petit garçon, que je n’avais pas vu au part avant, s’avança vers moi, et me dit, torse bombé : « Suis moi ! Si tu peux ! » Et il commença l‘entraînement. Ce balançant avec les bras en parcourant les barres parallèles de sous le château. Puis en petites foulées, deux à trois tour du parc… « Mon père, c’est un militaire. Il est quoi le tient ? Quand je serais grand, j’irai combattre en Afrique. Je tuerai tous les ennemis ! » Fièrement, il fit le salut militaire, jambe jointe et main sur la tempe. « Toi, tu es faible ! T’arrives même pas à me suivre. T’es une mauviette ! »
Je me rappel encore de la force de conviction de cet enfant, sur son avenir tout trouvé. Très jeune je compris le poids de l’hérédité…


3. Où j’appris que mon corps pouvait me donner du plaisir.

La grande bâtisse dans laquelle nous habitions était munit de deux salle de bain. La plupart de mes plaisirs solitaire ce passèrent dans celle du deuxième étages. Je faisais couler l’eau de la baignoire en y ajoutant beaucoup de shampoing pour cacher l’odeur et le bruit. Mais avant cela, je subtilisais les sous vêtements de ma mère. Et c’est plein d’imagination que je me frottais avec son slip et son soutien gorge. Explorant ma chaire, je jouais aux deux sexes. Soit mâle, soit femelle. Et parfois, hermaphrodite, j’insérais des objets dans mon anus… père et mère à la fois…

4. Où j’appris que l’on pouvait sortir de son corps.

Fin et bouclés au touché, lisse au milieu… Rugueux sur les côtés, et saillant… En descendant c’était humide… Souffle de tabac froid… Protubérant et chaud, le contacte mou… A la palpation, des sillons… Certaines nervures, plus chaudes que d’autres… Des humeurs de différentes consistances et l’odeur âcre d’en bas… Une sensation de vibrations, des ombres et des bruits métalliques… L’ effroi et la douleur… Monsieur qui dit bonjour et son chien méchant…


5. Où j’ai haïs ce que nous sommes.

J’adorais mon instituteur féru d’histoire, qui alla même en Allemagne pour ramener un morceau du mur de Berlin. J’avais 9 ans en 1989, lors des évènements. Il m’a donné le goût d’apprendre, et une méthodologie du doute, de l’esprit critique… Je lui en serais toujours reconnaissant.
Lors d’une visite scolaire, nous sommes allés au zoo. La classe était menées par Mr Kitler et sa femme, également institutrice dans mon école primaire. J’ai toujours aimé le règne animal, et collectionné des fiches sur différentes espèces éditées par la WWF.
L’espace dédiée aux macaques était d’une grande envergure. Ils étaient installés dans une grande fosse concave, au milieu de laquelle s’érigeait une construction ressemblant à des appartements en constructions sur plusieurs étages. Laissant voir la petite société vaquer à leurs occupations…
C’est en observant quelques spécimen manger leurs fruits aux abords du mur les séparant des visiteurs, qu’un membre de ma classe racla profondément sa gorge, et cracha un mollard sur l’un d’eux… L’animal toucha les germes ainsi lancés et courra dans tout les sens, furieux.
Les camarades entourant cet immonde salopard riaient en cercle. Contant de son exploit. Je me suis précipité sur lui, pour extirper le sourire de son visage.
Je dus changer d’établissement et mes parents payer des dommages et intérêts…

II, 4. J’allais souvent au Mc Donald’s


Handsome man ! where you’re going ?

Une Thaïlandaise


J’allais souvent au Mc Donald’s, par commodité. Un menu multipliait par dix, le prix d’un repas Thaï pris dans une gargote adjacente… Une jeune fille sale, que j’avais déjà aperçu sur le fronton de mer, danser énergiquement et invectiver le ciel; s’assit à côté de moi. Elle ne parlait pas Anglais, et je doutais qu’un natif l’eut compris. J’imaginais qu’elle devait être sous l’effet du « Yaba », Laurent m’avait dit que cette drogue très courante, car peu chère, dont l’effet ressemblait aux amphétamines, faisait des ravages dans les esprit… Mangeant mon cheeseburger, elle me fixait pour attirer mon regard que je voulais fuyant. Avez-vous l’image de ses gamines triant les déchets des grandes villes dans d’immenses déversoirs ? Elle ressemblait à l’une d’entre elles. A ceci près qu’elle portait un tatouage de protection bouddhiste sur l’épaule…
Je lui tendis un coca cola, qu’elle refusa. Murmura quelque chose et fouilla dans son petit sac un moment, jusqu’à y trouver une culotte défraîchit qu’elle me tendit. La pièce de tissu était imprimée de petit cœurs… Devais-je comprendre qu’il s’agissait d’une invitation à voir si elle en portait une ?

Toute cette mauvaise graisse me portait sur l’estomac et menaçait de rompre l’homéostasie de mon organisme. J’avais besoin d’un bon « full massage », administré par des mains expertes.
Après m’être déchaussé, j’entrais dans un milieu d’apaisement, à la musique douce d’une fontaine et aux odeurs d’eucalyptus. J’optais finalement pour un massage avec des huiles essentiels. Nu, et sirotant un verre d’oranges pressées; j’attendais munis d’une serviette et avec quelques frémissements d’impatience, la professionnelle de cet art ancestrale du bien être. Dans la pénombre elle s’avança vers moi et m’enjoint de « turn back ». La force de ses pressions n’étaient pas désagréable, mais j’avais connu bien mieux. Derrière moi, dans une autre cabine, j’entendais des exclamations, et des « hum ! Ha ! Very good !» de plaisir d‘un British en extase. La voie rauque de ma masseuse, ne me laissa plus aucun doute, lorsque je me remis sur le devant. C’était une Lady-Boy. Et au-delà de cette désagréable sensation de ce faire tripoter par un mec, elle-il ne cessait pas d’éternuer, et de sniffer ca « médicine » sous forme de tube à rouge à lèvre. Je lui dit clairement ce que j’en pensais. Et écourta la séance.
Je n’ai pas donné de « tips » ( pour boire ); et m’en alla frustré, avec ma trique sous le bras…
Dans ce petit monde, la moitié des Thaï étaient des homosexuels. Si les Asiatiques sont passés maître dans la contrefaçon, leurs plus belles réalisations se trouvaient greffées sur eux-mêmes… Je cru tomber des nues lorsqu’au « Witchcraft », l’on me dit que toutes ces belles créatures se trémoussant étaient génétiquement des hommes. Il faut dire qu’elles étaient trop belles pour être vraies. Et un observateur averti pouvait examiner si la belle avait ou non, une pomme d’Adan…
Plusieurs théories s’affrontaient. Laurent me les énuméra « Premièrement, les petits garçons dorment souvent, jusqu’à un âge avancé, 14-15 ans des fois, dans le lit de leur mère. Deuxièmement, et c’est beaucoup plus probable… La plus grande source de devises entrant dans cette partie du pays, provenant essentiellement du sexe, ils font comme les femmes. Ce fardent pour faire la pute… Okay, l‘imitation s‘arrête là, ils se calquent sur le comportement de leurs sœurs, mais c‘est sur-joué, on dirait la cage aux folles version trash !».

Me soulant, et racontant mes déboires à un Français du Club66. Il m’avait dit pour me réconforter : « Je suis sûr que dans le tas, tu as dû t’en faire un ! ». Le type était un habitué de la Thaïlande, c’est simple, il y venait une fois tous les trois mois en moyenne. Il travaillait sur une plateforme pétrolière… Après avoir finit sa pizza sur la terrasse, il se fit faire une pipe dans les toilettes du club, par l’une des filles qu’il avait repéré à l’étage, et qui jouait au billard avec ses copines. Moi, je restais assis sur un fauteuil d’imitation cuir, blanc. Habillé de mon col Mao, je trônais sur la rue avec à côté, mes peanuts et mon whiskey-coke. J’observais la cour des miracles…
Il devait être dix-neuf heures, j’attendais mes nouveaux amis; fraîchement débarqué sur la terre des sourires et des orchidées. C’est accompagné de mes deux camarades d’Aquitaine, et d’un Canadien, que nous sommes allés Soi6 avec un bath bus. Sorte de 4x4 dont l’arrière muni de bancs, pouvait transporter jusqu’à 8 ou 10 personnes. Ils avaient eu vent que dans cette rue, un bar du nom le « King-Kong » ont pouvait doigter et se faire sucer par les stripteaseuses, chose qu’il n’était pas possible de faire dans les endroits plus touristique de Pattaya… Sans aucun doute, on ne les avait pas trompé. Le bouge était remplit de clients, pour la plus part Américains, sans doute un groupe en excursion… Les uns lançaient des billets de cents baths aux quelques filles qui restaient sur le podium, tandis que les autres s’activaient sur les banquettes. Une odeur plus que suspecte et à y voir de plus près, les petites n’étant pas à proprement parler des « canons »; nous nous sommes enfuit vers un Beer bar plus accueillant. C’est là que le Canadien à rencontré une jeune-fille qui ressemblait plus à une collégienne qu’à une femme. Elle lui fut présenté par la mama-san elle-même, qui s’avérait être sa mère… Le Canadien, qui il faut le préciser, était acteur porno dans son pays, avait des goûts particuliers pour les toutes jeunes. Son ID card autour du coup, elle me la montra après beaucoup de tergiversations. Elle avait 15 ans, d’après le calendrier Thaï… « No problem ! No problem !». On lui a dit que ce n’était pas très correct, mais dans la langue de Shakespeare « Fuck you ! Give up ! », vint clore le débat sur l’aspect éthique des choses. Autres pays, autres mœurs dirait Laurent…
Les deux Bordelais étaient de gai lurons. Amis de longue date, j’appris à les connaître dans la moiteur de l’hiver de cet autre côté du monde. Michel était comptable, et n’avait pas un physique avantageux. Son nez assez long, donnait un aspect lubrique dans ce qu’il dégageait. Il était comme un fou ici, et n’arrêtait pas de ce retourner vers tous les objets de désir. Sans détour, il me dit « On a pris dix jours de vacances, et crois moi mon pote, je vais en profiter un max. Regarde moi, je sais que je ne suis pas un top-modèle. En France, j’aurais de la chance de baiser une fois l’an, et encore ! » Il exagérait tout de même un peu. « On peut tout avoir dans ce pays, il suffit d’avoir la money. Et c’est rien. Dis toi qu’en France, une pute, elle te coute une centaine d’euros. Pour ce tarif, j’en ai 5 à 10 des petites Thaï. Et pas des tromblons ! ». Son ami attaquait un jeux de puissance4 avec une entraineuse…
Mais moi, je commençais à m’ennuyer ferme. Tous ces discours rebattu, entendu à de multiple reprise. Déjà plus d’un mois que je m’étais expatriée. J’avais toutes les clefs de la ville, il me suffisait de les ouvrir. L’alcool, et la facilité d’accès au sexe en avait laissé plus d’un dans des états pitoyable. Tel que Mario, rencontré au début de mon séjour. Je l’ai finalement recroisé. D’humeur joyeuse et bon enfant. Il était devenu terne, et faisait peine à voir. Dépenaillé avec une barbe de six jours, exhalant une diversité de liqueurs. Il m’expliqua que sa famille lui manquait. Enfin sa fille, qu’il avait laissé en compagnie de son ex femme. L’e-mail qu’elle lui envoya, l’avait totalement anéanti. D’après ce que je compris, elle lui demandait de revenir à la maison, que tout pouvait s’arranger. Elle l’attendait. Et il savait que le temps était son ennemie; et les sentiments, de positifs, pouvaient se changer rapidement en haine, par l’abandon…

Ma rencontre avec une aristocrate Thaïlandaise fut un tournant décisif dans la progression inéluctable de mon systématisme à repousser les limites de la « Raison ».
Peu à peu, je découvrais le véritable dessein qui m’avait poussé à en arriver à ces extrémités. A chaque pas en avant dans cette direction, un chiffre du barillet s’enclenchait. Et bientôt le cadenas serait ouvert…