Sur les trottoirs de ma bonne terre natale, ses fils châtiaient bien. J’avais beau les interpeler, les invectiver. Impossible de marquer ma présence. J’étais comme invisible. Si je les bousculais, ils n’attendaient même pas l’excuse. Un flot impassible. Je voulais leur dire que j’avais compris, fini de vomir ma bile…
Jusqu’à une heure avancée, tel un acteur sur scène, au décore épuré d’une seule lumière d’un lampadaire; j’étais les deux genoux à terre et mains jointes à faire la manche. Je priais la Cité de me reprendre, même si c’était comme esclave.
En réponse, les membres d’une équipe de foot éméchés me repérèrent. Crânes rasés et Doc Martens aux pieds, ils avaient le visage de la défaite.
« Hé ! Matez moi la chintok ! Alors chérie comment ca va ce soir », dit l’un.
« Putain je peux pas les blairer ces jaunes », dit l’autre.
« J’avais justement envie de m’en faire une », interrompit le meneur du groupe.
Ils m’encerclaient comme une meute de loups. J’ai fait l’erreur de bouger, et me cognèrent donc de concert.
« Ca va être ta fête ma chérie ! Emmenez moi ca dans la ruelle ».
Le plus grand a déchiré mon pull en grognant de plaisir :
« T’es faites comme je les aime. J’adore tes seins, je peux les toucher ? »
J’avais envie de leur dire que la nourriture était avariée pour cause de chaîne du froid rompu… Au-lieu de ca, je leur ai dit que je votais pour le F.N. Sans sympathie.
Quand ils ont pensé que la viande était assez tendre une fois bien battu, je fus jeté tête la première contre une benne à ordures. Jeans et slip sur les chevilles, le supporteur n’a pas continué sa phrase :
« Je vais te défoncer… »
Les trois acolytes restèrent les yeux rivés sur ma bite à l’air. Mains levés, j’ai dit en reculant qu’il y avait carton rouge… Je pense qu’ils devaient être indignés au plus profond de leur carapace d’hétéro. Détruire mon membre à coup de chaussures montantes fut sans doutes un moyen d’auto-défense…
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