samedi 26 décembre 2009

VI, 3. Katsumi avait un chien

Katsumi avait un chien de la taille des chevaux utilisés par Attila le Hunt. C’est lui qui me dérangea alors que j’étais absorbé par la chaîne d’information passant en boucle les évènements de Bangkok : des « chemises rouge », et des « jaunes », s’affrontaient pour le premier ministre Thaksin Shinawatra. L’armée ne réagissait toujours pas, et le vieux roi restait dans son silence. Pour ajouter à l’instabilité, dans le sud du pays des groupes islamistes séparatistes faisaient mumuse avec des explosifs… C’était la merde, et pour couronner le tout les aéroports étaient occupés par les manifestants.
Il est vrai qu’elle prenait son bain depuis une bonne heure, mais je ne me suis pas inquiété, c’était une femme après tout ! Le chien grattait à la porte de la salle de bain… Mes appelles répétés ne la faisait pas réagir, je n’entendais aucune activité. Alors j’en suis venu à défoncer l’entrée. Ce que je vis avait du mal à sous-titrer. Elle baignait dans son sang. Une main sortait de la baignoire, désignant de l’index ses dernières volontés… J’ai mit plus d’une semaine à me décider à contacter la police. Pendant tout ce temps, avec rage, je me suis échiné à faire un masque de plâtre de son visage, et à prendre le plus de clichés possible. J‘eus du mal à entrevoir les implications possibles de se que je considérais comme une folie, mais ce serait un dernier hommage à celle qui fut ma muse. C’était comme une évidence qui germa sept longues journées : « une chirurgie plastique qui copierait ses traits pour qu’elle survive à mon regard ». J’accomplirai son testament à la lettre… Pourquoi pas après tout ? On pouvait se faire blanchir les dents pour quinze mille bath, le reste était un peu plus couteux, mais la conversion peu douloureuse. J’avais des ecchymoses, mais le trophée accroché sur le mur m’amenait à conclure que le visage serait une réussite…
Mes rêves étaient de plus en plus libidineux. Un être femelle de couleur rouge usait d’une force dominatrice pour prendre son plaisir solitaire sur ma queue. On pouvait appeler ça du viol onirique. Je me réveillais à chaque fois en ayant éjaculé sur mes cuisses, avec un sentiment d’inachevé…
J’avais envie de ressentir quelque chose face à la perte de ma partenaire, mais en vérité j’observais les scènes de mon existence comme un spectateur. Tellement abreuvé d’images violentes et obscènes, que le monde pouvait disparaître sans me faire ciller. Je n’étais tout simplement plus là.

Dans sa cave, au milieu des Pessac, Margaux, et autres Yquem, il restait un jambon attaché à un crucifix parallèle au sol. Par un geste de pitié, et parce que je voulais participer à la full moon party de l'île de Ko Phangan, j’abrégea son supplice en lui coupant les artères fémorales. Elle se débattit quelques minutes en se vidant, avec des petits bruits aigus, étouffés par le god ceinture autour de sa bouche…

Sur la plage de Hat Rin, le milk shake de magic mushroom faisait son effet. J’errais de sons en sons, guidé par les feux follets fluorescents. Je ne pouvais qu’heurter les tombes remplis de méthane des touristes en tongs. Tanguant, gerbant, psalmodiant, dans cette réunion païenne. Sur le sable fin, les tessons de bouteilles me coupaient. Au bord du golf de Thaïlande, des Australiennes rousses se recueillaient dans le creux de leurs paumes. En filets, l’eau récitait des prières… Liquide et déchiré, j’ai demandé : « Combien pour la bouteille », puis le black out jusqu’aux rails de la station IIIème Reich.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire