samedi 26 décembre 2009

PARTIE I, 1 Je suis tel que le monde me voit

Je suis tel que le monde me voit. Mais dès que le regard se détourne, je n’existe plus qu’en moi-même; et cela me fait peur.
Puisque le vide primordiale s’est rempli d’innombrable sentences exigeantes, du type : sois, aie.
Je n’ai pu faire que copier l’image renvoyée.

J’avais mes habitudes dans un bar du nom « Le Montaigne ». Dans lequel les serveurs buvaient tout autant que les clients, sinon plus. Tatoué et percé même sur la bite, il y avait Johnny, pas un cm2 de peau disponible pour un autre mort aux vaches; punk-no-futur-salarié, interdit de séjour en Allemagne pour une histoire de stup. Ainsi que Lulu au gros bide, crâne rasé et diable dans le dos; l’image du satyre…
Les enceintes crachaient habituellement du Bauhaus, nine inch nails… aux paroles empreintes de lyrisme : « I wanna fuck you like an animal »…
Le patron avait coutume d’hurler : « Alors on boit, ou ont s’enculent ! », toujours un œil sur les conso… Faut dire que les affaires lui avaient fait cramer un autre bar pas fleurissant…
Et bien sûr, je buvais comme un pochetron impénitent, avec une endurance de compétition. J’étais jeune…

C’est dans cet environnement « d’assommoir » enfumé, assis sur l’une des banquettes rouge, à cogiter sur l’avenir du monde sans ma présence; qu’un barbu au chapeau de cowboy et son chien vinrent s’installer à mes côtés…
- Bonsoir l’ami ! La place est libre ?
"Les absents ont toujours tord…"
Un coup d’œil au Maori derrière le comptoir, et deux verres se posèrent devant nous…
« Je te propose un toast à une nuit pleine de promesses et de rencontres ! »
- Au voyage ! Dit l’inconnu. Je reviens du Pérou, après plusieurs semaines dans la jungle.
« Habla Espanol ? »
- Ce n’est pas la question. Lorsqu’on prend de l’Ayahuasca; les mots n’ont plus cours…
Un illuminé, ce sont les personnages que je préfère… C’est bien plus épissé que des discussions de beauf sur le prix de l’immobilier. Louer ou acheter ? les taux sont bas… Mais mon visage a plus de deux faces et je suis à l’aise dans différent rôles de composition…
« Je vois, et alors tu as vu le grand serpent ? Il t’a avalé ? »
…Une gorgé de bière plus tard…
- Tu sais que j’ai jeûné plusieurs jours et pris des laxatifs pour me purger ? Les indiens m’ont même enterrés jusqu’à la tête, après la prise de drogue… Je devais ressusciter, naître à nouveau, mais…
Le pauvre avais du mal à recoller les morceaux, si j’en jugeais à sa façon de joindre les mains…
« Difficile de se libérer de se que l’on ait camarade ! Il faut abandonner de lourds bagages. Carlos Castaneda l’explique bien dans son étude anthropologique des chamans Yaqui ». Dis-je, professoral…
« Dans les civilisations traditionnelles, qui n’ont pas perdu leur mémoire; les plantes sacrées sont utilisées selon des rites spécifiques, à des moments précis, comme pour le passage du stade de l’enfance à celui de l’adulte. Mais ce que je veux dire, c’est que certains symbolismes nous échappent en tant qu’occidentaux. Et ils en prennent souvent dans un but de pur divertissement ».
…Passage en revu de la plèbe du bar…
« Regarde le nombre de bouffées délirantes qu’occasionnent un voyage en Inde pour les étrangers… »
- Je n’y suis pas allé pour me droguer, mais pour me guérir !
… Les yeux plein de colère et d’incompréhension…
Il faut dire que j’aimais bien m’écouter parler et que je me suis entendu dire que j’avais une propension à être hautain… Ca peut agacer…
« Je te comprends. L’expérience a dû être difficile ».
… Faux cul…
- Le plus dure, ca a été de revenir ici. Noyé dans un océan d’individualités sans connexions. Tout le monde s’ignore et l’Amour a disparu !
Tiens ! Je préfère encore être avec mon chien !
« C’est sympa pour moi ! ».
En m’allumant une autre cloppe, j‘observais l‘étrange myosis vert se formant dans les yeux de l‘animal; et de me rappeler ces faits divers où la grand-mère décédée, seule dans son appartement, ce faisait déchiqueter par son gentil canidé…
« Ce n’est qu’un chien; il n’a pas d’âme ! ».
… Péremptoire; tel à Valladolid…
- Peut-être plus que toi ! Le calcul, l’hypocrisie, la pensée biaisée, ne l’intéresse pas ! Il sera toujours fidèle !
« Prométhée nous a filé l’intelligence. Lui n’a que des griffes et des poils… Par contre, j’aimerai trouver la fidélité chez une femelle. Tu vois ? Genre, l’amour indéfectible… »
« Deux autres bières taverniers ! »
- Je vais te dire, j’ai connu ca avec une femme. J’étais malade et isolé dans une maison avec elle. Je chiais dans une bassine et elle la vidait et me lavait. Ont étaient seul au monde et c’était beau…
J’imaginais bien l’histoire pathétique de cet héroïnomane dans un scouate. Demander de l’argent à la famille, avec la promesse de revenir clean de sa cure de désintox en Amérique du Sud…
Alors sur un air de « Junkie’s promise », des Sonic Youth, je m’éclipsais aux chiottes.
De retour, vidé et repoudré. La chaise était vide. Ne restait que le compagnon, lapant un cendrier reconverti en auge…

Cette sensation bien connu des buveurs commençait à me posséder. Chaleur, à propos, sentiment de bien être. J’en oubliais mes projections morbides et me prenait pour un superman de la comprenette et de la communication. Mais j’allais pisser toutes les vingt minutes mes bières… C’est à un de ses moment vaporeux, que j’aperçu une rouquine pleine d’énergie débonnaire, frapper sa tequila paf.
Dès que je l’ai vu, j’ai su que c’était elle… Je n’avais pas baisé depuis plus longtemps que le prêtre de mon Eglise !
Une attraction quasi instantanée… de celle, animale, qu’il ait difficile d’exprimer plutôt que de ressentir; nous emporta tous les deux. Il n’y a pas eu besoin d’approche subtile, n’y d’user de programmation neurolinguistique à base d’hypnose Ericksonienne pour la mettre dans mon lit. On baisa sur un banc publique à côté du bar…« Banc publique,… banc publique… ».

Première petite amie dont l’histoire avait durée plus longtemps qu’un coïte; ce fût une baise ininterrompue…
Pendant ses études d’infirmière, j’ai pu être un soutien important dans son existence. Marie avait tout pour être heureuse. Un job dont le déficit de professionnels mettait à l’abri du chômage et une beauté fragile de rousse à la peau de nacre. Issue d’un milieu privilégié; père cadre supérieur dans une multinationale du médicament et mère névropathe, rendant son « erreur » de fille responsable de la brièveté de ses études en médecine…
Il faut dire que les contraceptifs ne sont pas efficient à cent pour cent… Disons que ce secret de famille ébruitée, fut sans doute le fondement de sa personnalité, paradoxalement peu résolu dans ses décisions et histrionique à ses heures. Alcool transfuge de l’âme !

Il m’est déjà arrivé de me perdre dans ma propre ville, titubant dans des rues aux fenêtres menaçantes. Si je fut sous l’effet de psilocybes, je me souviens bien d’avoir eu impression être Ariane sans le fil… En d’autre termes, je me sentais tout aussi perdu physiquement dans l’espace, que dans les nervures de mon esprit…
Toutefois le bad trip existentiel de cette époque était facilement calmer par les mains tendre de ma Vénus. Elle était pour moi une planche de salut sur les vagues du chaos. Dans ses bras, au contacte de la peau nue et légèrement fraiche d’un ébat finissant, je trouvais l’oublie, et enfin le calme nécessaire au recueillement...
Avez-vous déjà arrêté vos activités quotidienne pour un moment, et regardez autour de vous, en vous disant interloquez et conscient de se sentiment ? : « je suis bien, en harmonie avec ma vie ! Je suis heureux ». Et bien ce fut le cas à des moment X de mon existence, scié par le tumulte de la vie, en mon corps machine à faire de la merde et aux cellules dégénérescentes…

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