samedi 26 décembre 2009

CONCLUSION


Des professionnels au vocabulaire médical m’entouraient. APGAR inférieur à 4... Le pronostic vitale était en jeu; mon système respiratoire défaillait. L’hémorragie importante nécessitait des perfusions d’O+.
Sous les draps blancs de mon esprit je voyais des formes noires habillées de végétaux; qui en chaîne ininterrompu, sautaient sur place en dégageant les cendres d’anciens feux. Je rampais entre leurs jambes à la façon d’un organisme vivant recherchant la sortie…
Pas de lumière au bout du tunnel, ni de visages accueillant aux paroles réconfortantes. Juste un souvenir d’une émission T.V. sur une tribu de Papouasie nouvelle guinée.

Il devait en finir vite, comme un morceau de punk-rock. A quoi cela sert t-il d’enrober le tout de lyrisme ? Naissance-vie-mort sur fond noisy donne d’avantage l’envie de baisser le volume, voir d’éteindre la chaîne.
Pour autant que l’œil omniscient sache, les personnages de son triptyque n’étaient présent dans l’histoire que pour animer son fond solitaire. L’essentiel tient dans le mouvement, peu importe les répercutions.
Une insomnie perpétuel représente la plus grande torture du corps. L’inconscient s’anime devant les yeux hallucinés du créateur.
Dans le rêve, victimes et bourreaux sont les mêmes ! Il a traversé les deux rives, et en touriste il peux dire qu’ailleurs c’est mieux ! Il suffit de fermer les yeux…



Sweet dreams my love


VIII, 2. Sur les trottoirs de ma bonne terre natale, ses fils châtiaient bien


Sur les trottoirs de ma bonne terre natale, ses fils châtiaient bien. J’avais beau les interpeler, les invectiver. Impossible de marquer ma présence. J’étais comme invisible. Si je les bousculais, ils n’attendaient même pas l’excuse. Un flot impassible. Je voulais leur dire que j’avais compris, fini de vomir ma bile…
Jusqu’à une heure avancée, tel un acteur sur scène, au décore épuré d’une seule lumière d’un lampadaire; j’étais les deux genoux à terre et mains jointes à faire la manche. Je priais la Cité de me reprendre, même si c’était comme esclave.
En réponse, les membres d’une équipe de foot éméchés me repérèrent. Crânes rasés et Doc Martens aux pieds, ils avaient le visage de la défaite.
« Hé ! Matez moi la chintok ! Alors chérie comment ca va ce soir », dit l’un.
« Putain je peux pas les blairer ces jaunes », dit l’autre.
« J’avais justement envie de m’en faire une », interrompit le meneur du groupe.
Ils m’encerclaient comme une meute de loups. J’ai fait l’erreur de bouger, et me cognèrent donc de concert.
« Ca va être ta fête ma chérie ! Emmenez moi ca dans la ruelle ».
Le plus grand a déchiré mon pull en grognant de plaisir :
« T’es faites comme je les aime. J’adore tes seins, je peux les toucher ? »
J’avais envie de leur dire que la nourriture était avariée pour cause de chaîne du froid rompu… Au-lieu de ca, je leur ai dit que je votais pour le F.N. Sans sympathie.
Quand ils ont pensé que la viande était assez tendre une fois bien battu, je fus jeté tête la première contre une benne à ordures. Jeans et slip sur les chevilles, le supporteur n’a pas continué sa phrase :
« Je vais te défoncer… »
Les trois acolytes restèrent les yeux rivés sur ma bite à l’air. Mains levés, j’ai dit en reculant qu’il y avait carton rouge… Je pense qu’ils devaient être indignés au plus profond de leur carapace d’hétéro. Détruire mon membre à coup de chaussures montantes fut sans doutes un moyen d’auto-défense…

PARTIE VIII, 1. « outcast »

J’ai fini par quitter mon chez moi. Il était évident qu’ils feraient une descente, car je n’allais plus à l’hôpital pour mes injections retard…
Les sans abris sont des êtres à part, « outcast ». Sous d’autres latitudes ses Sadou seraient considérés comme des sages. Nous avons beaucoup à enseigner. Au lieu de passer à côté en faisant semblant de ne pas nous voir, vous devriez vous asseoir sur le macadam. C’est ce que je fis sous les arcades des galeries marchandes entre un voyagiste et un bureau de tabac. Lors de mon autre vie, je l’avais déjà vu à de nombreuse reprises, Pierre. Un type chaleureux au tempes grisonnantes qui avait pour compagnons de route une flopée de chat. Il m’a tout de suite bien expliqué les choses :
« Deux clodos qui font la manche ensemble, ça gagne pas un rond. Faut comprendre que la peur est multipliée… »
Son truc à lui pour apitoyer c’était les chats. Les gens donnent plus qu’en y a des animaux en jeu. Pierre, il avait du chemin dans les pattes et c’était un malin. Dans la discussion il m’a montré les photos de sa famille. Personne ne savait ce qu’il devenait, silence radio.
« La fatalité ma petite »
Il m’a expliqué qu’en l’espace de quelques mois un engrenage l’avait emmené ici bas. D’abord la perte de son boulot comme conducteur poids lourds, puis l’alcool, la dépression, et enfin la séparation…
« J’ai pas pu remonter la pente. Tu sais ca va vite, les emmerdes, tout ca… Un jour on a tout, et le lendemain pfuit disparut ! Tout ce qui me restait, c’était des bouteilles vides et les factures qui s‘empilaient... Alors je me suis enfuit »
Nous sommes restés jusqu’à la fermeture des commerces. La recette fut maigre comme les petits chats qui tentaient de téter mon pull en laine. A coup de gros rouge nous combattions l’hiver qui s’annonçait rude. Accentué par le mauvais vins et les souvenirs que j’ai dus ranimé; les larmes dévalant sa couperose, il m’exprima son souhait de rejoindre en train les siens. S’il y avait un mince espoir de pouvoir tout recommencer, il voulait le saisir… Son discours m‘a émut.
« Et toi, je ne sais pas pourquoi tu ne veux pas me dire ton nom, mais je suis sûr que quelque part, on t’attend aussi ? »
Sur une devanture illuminée, il y avait promotion pour « nowhere ». Je lui répondis que je savais exactement où j’allais, et qu’au bout je saurai reconnaître les miens. Dans un geste qui me couta le fruit de mes dernières passes, je lui donna l’argent nécessaire pour le trajet.
Il resta interloqué un bon moment, lorsque je lui dis de prendre : « Pas de merci, car j’ai reçu une des plus grande leçon de mon existence. Tu ne sais pas à quel point ce cadeau m’est précieux. » Ses yeux brillaient devant la projection futur de ses actes, avant de m’embrasser. Nous vibrions d’émotions, transit et lumineux. Tout deux avançant au-devant de nos destiné…
Les mains sur mes épaules, son regard était emprunt de sens. Il voulait dire :
« Je ne saurais peut être jamais qui tu es, cependant il y a de l’espoir en ce monde. Tu viens juste de le démontrer. »
Était-ce réellement un acte désintéressé ? En tout les cas, j’ai trouvé du réconfort dans cette obole à l‘indigent. Quelque chose m’a effleuré au moment même du don, l’idée de recevoir en retour une grâce. Oui, c’était cela, j’avais fait preuve d’humanisme en ne jugeant pas une entreprise vouée certainement à l’échec…

PARTIE VII Rien ne pouvait plus me posséder

J’avais à présent tout pour être heureux. Rien ne pouvait plus me posséder. La liquidation fût totale. Au lycée un professeur de philosophie nous demanda comme sujet de dissertation : « quelle forme pourrait prendre la liberté ? ». Je lui ai donné une feuille blanche… C’était exactement le rendu que je voulais pour conclure ma vie. Peut être y avait-il quelques tâches de pu et de merdes sur la toile, mais enfin c’est de l’art moderne ! Un bon prix pourrait en être tiré chez Christie’s ?

La possession matérielle cache la réalité à l’homme. L’investissement dans des valeurs mobilières ou immobilières, pour le futur, n’a aucun sens. Tout comme fêter la nouvelle année, ou un dividende supplémentaire; cela n’enrichie nullement, mais soustrait une part d’un temps fini.
L’on ne possède jamais rien en ce monde, l’objet dépossède du mouvement et rend inerte toute prise d’initiative. Voir le paradoxe est en soi un pas vers la Liberté.
Toutefois après cette prise de conscience, vient la plus grande difficulté sur laquelle beaucoup d’entre nous se résigne : qu’en faire ?

Il ne faudrait jamais s’arrêter en chemin; devenir sédentaire, et thésauriser ses acquis.
Tel l’enfant prodigue : prends des risques !
Je ne prêche nullement une quelconque révolution. Une déconstruction serait plus à propos. Mais enfin, mon jugement m’appartient, et les processus de pensées son innombrables. Cependant force est de constater que le sens commun recherche une forme de stabilité pour asseoir un édifice à l’échelle d’une vie :
Etude, mariage, ascension sociale par le travail, enfants, cotisation retraite. Tout le monde connait le programme. Et pour dénué de sens, la finalité nous paraît lointaine. Alors on n’y pense pas, on s’entoure d’objets et de bruits…

Savoir quelque chose est différent de connaître par l’expérience. Le moine ne devrait jamais entrer dans les ordres sans avoir aux préalables goûter les délices du pêché, sinon il ne s’agit pas de « sacrifice ».
Pour paraphraser Descartes : il faut analyser en détails les idées toutes faites disséminées dans notre esprit, par nos maîtres. Ainsi nous pourrions examiner ce qui est nécessaire à notre équilibre sans axiomes dogmatiques…

Si je vous dis que la droite est à gauche, le haut en bas, et que l’horizon est proche de vos mains; vous aurez une certaine difficulté à me croire…

Pourtant, s’orienter est aisée. C’est tout droit dans la fosse commune de l’oublie !

VI, 3. Katsumi avait un chien

Katsumi avait un chien de la taille des chevaux utilisés par Attila le Hunt. C’est lui qui me dérangea alors que j’étais absorbé par la chaîne d’information passant en boucle les évènements de Bangkok : des « chemises rouge », et des « jaunes », s’affrontaient pour le premier ministre Thaksin Shinawatra. L’armée ne réagissait toujours pas, et le vieux roi restait dans son silence. Pour ajouter à l’instabilité, dans le sud du pays des groupes islamistes séparatistes faisaient mumuse avec des explosifs… C’était la merde, et pour couronner le tout les aéroports étaient occupés par les manifestants.
Il est vrai qu’elle prenait son bain depuis une bonne heure, mais je ne me suis pas inquiété, c’était une femme après tout ! Le chien grattait à la porte de la salle de bain… Mes appelles répétés ne la faisait pas réagir, je n’entendais aucune activité. Alors j’en suis venu à défoncer l’entrée. Ce que je vis avait du mal à sous-titrer. Elle baignait dans son sang. Une main sortait de la baignoire, désignant de l’index ses dernières volontés… J’ai mit plus d’une semaine à me décider à contacter la police. Pendant tout ce temps, avec rage, je me suis échiné à faire un masque de plâtre de son visage, et à prendre le plus de clichés possible. J‘eus du mal à entrevoir les implications possibles de se que je considérais comme une folie, mais ce serait un dernier hommage à celle qui fut ma muse. C’était comme une évidence qui germa sept longues journées : « une chirurgie plastique qui copierait ses traits pour qu’elle survive à mon regard ». J’accomplirai son testament à la lettre… Pourquoi pas après tout ? On pouvait se faire blanchir les dents pour quinze mille bath, le reste était un peu plus couteux, mais la conversion peu douloureuse. J’avais des ecchymoses, mais le trophée accroché sur le mur m’amenait à conclure que le visage serait une réussite…
Mes rêves étaient de plus en plus libidineux. Un être femelle de couleur rouge usait d’une force dominatrice pour prendre son plaisir solitaire sur ma queue. On pouvait appeler ça du viol onirique. Je me réveillais à chaque fois en ayant éjaculé sur mes cuisses, avec un sentiment d’inachevé…
J’avais envie de ressentir quelque chose face à la perte de ma partenaire, mais en vérité j’observais les scènes de mon existence comme un spectateur. Tellement abreuvé d’images violentes et obscènes, que le monde pouvait disparaître sans me faire ciller. Je n’étais tout simplement plus là.

Dans sa cave, au milieu des Pessac, Margaux, et autres Yquem, il restait un jambon attaché à un crucifix parallèle au sol. Par un geste de pitié, et parce que je voulais participer à la full moon party de l'île de Ko Phangan, j’abrégea son supplice en lui coupant les artères fémorales. Elle se débattit quelques minutes en se vidant, avec des petits bruits aigus, étouffés par le god ceinture autour de sa bouche…

Sur la plage de Hat Rin, le milk shake de magic mushroom faisait son effet. J’errais de sons en sons, guidé par les feux follets fluorescents. Je ne pouvais qu’heurter les tombes remplis de méthane des touristes en tongs. Tanguant, gerbant, psalmodiant, dans cette réunion païenne. Sur le sable fin, les tessons de bouteilles me coupaient. Au bord du golf de Thaïlande, des Australiennes rousses se recueillaient dans le creux de leurs paumes. En filets, l’eau récitait des prières… Liquide et déchiré, j’ai demandé : « Combien pour la bouteille », puis le black out jusqu’aux rails de la station IIIème Reich.

VI, 2. Je suis beau, tu es belle

« Je suis beau, tu es belle »; deux fois. Narcisse se mire et le reflet jure… Les limites du corps se distende sur l‘onde. Vite un autre cachet ! Rouge, bleu, de toutes les formes… Non, plutôt les grosses et blanches. Celles qui régulent le temps; court et long rassemblés dans la norme. Ranger l’armoire, faire son lit. Tenir propre. Sembler, et surtout paraître. Le blues fait claquer les doigts. Dois changer d‘humeur. Un, deux pas; carreaux, paire et passe… Rien dire de stupide. Je vais bien, tout va bien; sourire, mât. « Om mani padmé hûm » en huit inversé. Une nuit en simulacre. Ainsi soit la vie…

J’ai toujours pris soin de moi. L’apparence physique est primordiale. Le culte a existé dans toutes les époques, des body builders sur les plages de Miami, en passant par les divines proportions Grecque. Le corps est un objet pour arriver à ses fins. Une étude très sérieuse du CNRS a démontré qu’un individu atteint plus facilement des fonctions élevés dans l’entreprise s’il est de physique harmonieux, grand et mince; nonobstant un manque de qualifications… A bien y réfléchir, cela tombe sous le sens aux regards des fonctions de représentations pour une marque déposé.
Avant qu’un médicament soit commercialisé, il doit passer des tests en trois phases, jusqu’à l’AMM ( Autorisation de Mise sur le Marché ). Le bénéfice doit être supérieur aux risques… Sur les notices, il y a une longue liste d’effets indésirables susceptibles d’apparaître. J’ai pu expérimenter l’un des plus surprenants lorsque j’étais avec une fille du nom de Nadia, une pile alcaline maigre comme mon petit doigt. Sa mère et sa sœur avaient comme elle une maladie désignée : psychose maniacodépressive. En ce temps là, elle préparait une thèse en neuropsychiatrie, utilisant sciemment l’effet « High » de sa pathologie pour abattre un travail conséquent… Toujours est-il qu’elle se résigna à suivre son traitement sous Depakote pour lisser ses troubles bipolaire; et qu’un jour, alors que nous faisions l’amour, l’envie me prit de lui sucer les seins… Je crus retourner en enfance quand du lait perla de ses tétons ! Le goût ne ressemblait pas du tout à une brique UHT.
L’histoire ne dura pas, la normo-thymie n’était pas ma tasse de thé.

L’assistante sociale de l’hôpital m’a finalement trouvé un appartement dans une ZUP. Je jouais le jeu de la réhabilitation. Le psychiatre m’a dit que j’étais mûre pour une « sortie d’essaie » sous contrainte. J’allais devoir survivre dehors avec cinquante euros par semaine, mon tuteur était un bâtard…
J’appris lors de mon enfermement au 15a, la disparition de mes parents. Je savais que mon père était fragilisé depuis longtemps par son travail harassant de chef cuisinier. Il portait depuis longtemps un masque à oxygène la nuit, car ses apnées du sommeil étouffait son cerveau. Finalement, ce sont ses plaques d‘athéromes qui l‘emportèrent. Je lui avait bien dit de se méfier du mauvais cholestérol… Ma mère le rejoignit de tristesse. Ils avaient réussit à conserver leur couple jusqu’à la fin… Quant à mon petit-frère ingénieur, il était au Gabon, construisant des trucs pour le compte de Bouygues. Il ne souhaitait plus me voir, et de toute manière l’on ne se connaissait pas… Grand bien lui fasse.

J’étais ainsi nu comme un vers, riche des enseignements d’une vie de trentenaire pour seuls bagages. Le but n’est en rien comparable au voyage… Par où étaient donc sortis toutes les personnes rencontré ? Elles n’existaient plus que dans ma mémoire… J’aimerais tant de nouveau serrer contre moi un corps chaud et réel. Et comment c’était déjà ?
L’énergie cinétique de mon passé me hantait. De mon placenta sortait les cadavres démembrés de mes orgies sans conscience. Ils me répétaient à l’envie, qu’il était trop tard pour freiner, mais je n’avait plus faim…
Dans le lieu où je vivais à présent, tout était petit, même le lit. Allongé sur mes draps j’observais d’un œil dissocié le corps. Puzzle difforme de pièces rapportées. La transformation physique était complète. Des côtes de mon esprit j’étais devenu l’archétype de l’humanité. Une hydre pluricellulaire à l’onanisme dérangé, l’œuvre d’une vie enfin révélé.

Pour contenter le grand dragon j’ai brulé les derniers tomes de mon existence. Sur les berges du fleuve entre le périphérique autoroutier et la cité, j’ai vendu mon cul pour une dose d’héroïne. Les pieds dans l’eau, mon fix dans les veines, les blocs de béton au loin s’allumaient. Dans chaque case une famille préparait le dîné…

PARTIE VI, 1. telle une glande exocrine salivaire

« L’amour », c’est avant toute chose, un manque… Je suis sûr que vous avez déjà ressenti cela. Cette soif ardente, qui sourdre d’une cavité dans l’abdomen, telle une glande exocrine salivaire. Comme d’une envie de chocolat chaud…
J’ai par le passé été principalement le jouet de sentiments faussés. Tenir pour vrai un amour de jeunesse, mit à l’analyse des faits par un regard mature; ne peut que prêter à sourire. Je pense que l’âge, sous le poids de nombreuse expériences, amène nécessairement à une forme de cynisme. Jadis, lorsque je travaillais comme « auxiliaire de vie » pour financer une partie de mes études, l’une des pensionnaires de la maison de retraite m’avait dit pour rompre le silence : « J’imagine que la vision est peu ragoutante jeune homme ? Il ne faudrait jamais vieillir… ». En effet, lui mettant sa couche machinalement, j’essayais de ne pas faire attention aux fesses flasques qu’elle me présentait… Qui serait assez détraqué pour préférer un corps usagé, plutôt que les chaires appétissantes et fermes d’une adolescente ?
Il n’y a pas de sentiments amoureux sans attirance physique. Toutes propositions contraires n’est qu’un mensonge, ou une forme de masochisme… Alors me demanderez-vous, et les moches, n’ont t-ils pas eux aussi le droit à l’amour ? Je répondrais, en disant qu’ils le peuvent si leur porte monnaie contre balance leur laideur. Dans le cas contraire, il revoit leur prétention à la baisse et se trouve un boudin ou prennent la main gauche s’ils sont droitiers... Ils font ainsi fi de leur image interne, tel qu’ils s’imaginent, et font preuve de réalisme.
Cependant, nous avons toujours dans l’idée de trouver mieux ailleurs. Tel un client sur un étal de tomates, à palper les plus charnues, en veillant à la couleur et aux petits défauts… Le choix est difficile, cornélien !
Le temps qui avance inexorablement est comme une plaie ouverte qui manque de nous éventrer. Ramasser ses tripes, devient une activité à par entière tout du long qui nous reste…
Sublimer ? Comme transcender le désir et le projeter sur l’image pieuse du Christ ? Le petit malin, même dans la tombe, il a son harem ! Je vois encore cette bonne sœur expliquer l’Universalisme de son amour, sa multiplicité, duplicité ? « Quelle égoïsme d’aimer un seul homme dans sa finitude, alors que Dieu est éternel ! », disait elle, tout en caressant le dos lubrique de sa main… Non, véritablement il y a quelque chose de pourrit dans son royaume. La chasteté est l’un des plus grand vice. Un pêché vis-à-vis du corps, seule idole à révérer. En effet, réfréner nos pulsions sous couvert de bienfait post-mortem est une pathologie grave…

Qui a-t-il comme autres plaisirs que le sexe et la bouffe dans ce bas monde ? J’avoue que ce n’est pas casher, mais j’ai appris a aimer le porc. C’est le seul animal utile pour les xénogreffes…
J’avais pris l’habitude de jouer avec la nourriture. Katsumi me grondait souvent pour mes manières. Elle trouvait que je ne respectais pas assez le gibier… Alors elle faisait toujours une prière de remerciement à l’animal qui s’était donné pour notre survie, comme une résurgence animiste…
Ce qu’elle préférait manger c’était les parties nobles comme les jarrets, ou la poitrine. Quant à moi, mon attirance allait d’avantage vers les abats. Vous me direz, les goûts et les couleurs… En tous les cas, avec un petit Châteauneuf du pape rouge, millésime 2005; importé directement de France par l’intermédiaire de Laurent, c’est à se manger les doigts de gourmandise !

Vous êtes tous des viandards, n’est-ce pas ? Bien sûr, certains n’ont pas d’appétit pour des espèces de la famille des équidés ou des félins… C’est tout naturel de ne pas vouloir manger un animal en qui l’on a mit un zest d’anthropomorphisme, de sentimentalisme. Mettre dans l’assiette son chien, n’est pas concevable pour la bonne raison que nous y avons investit du temps et des soins. Nous ne domestiquions pas celles qui venaient dans notre abattoir, ainsi il n’y avait pas d’attache. Pas d‘avantage de procédés inhumain, aucune industrialisation de masse. Quoi que nos opinions différaient sur l’utilitarisme des chaires. J’y voyais un principe de préservation, alors qu’elle jouissait plus d’un sentiment de toute puissance, de domination vis-à-vis du faible… Ainsi, pour moraliser notre affaire, nous établissions un contrat synallagmatique avec la plus part de nos victimes. C’est au Cambodge que j’ai eu cette idée. Alors que nous visitions des temples dans la région d’Angkor, nous fîmes une halte dans un village déshérité. Les chemins boueux nous ont mené au seuil d’une maison entaché par le deuil. Une femme nous accueillit par des cris et des gestes demandant de la suivre. Au premier niveau de l’habitat Khmer sur pilotis, une grand-mère édentée observait la scène… Dans la pénombre, au milieu de sa famille se partageant un repas, je vis une jeune enfant rachitique refusant la nourriture. La première des choses qui attira mon attention fut les dermatoses noires sur ses jambes, signes évident d’un déficit immunitaire. La mère suppliait pour sa fille. Nous ne pouvions plus rien faire pour elle, et ses grands yeux me disait la même chose… D’après ce que Katsumi eut compris de son histoire, la jeune fille avait suivit sa sœur à Phnom Penh pour se faire rapidement de l’argent. Les membres de la famille étaient tous soudés, mais leur élevage périclitait. En outre le mari avait sauté sur une mine, en essayant d’agrandir la surface des terres cultivables… Le Sida fait toujours des ravages dans les populations campagnardes, car leurs informations sur le sujet est comparable à un ministre de la santé post Apartheid qui conseillerait de manger certains légumes pour ce prémunir du VIH, ou d’un marabu prouvant par a+b que ce taper une vierge laverait le sang de ses impuretés… Nous avons laissé un tube d’aspirine sans contre partie. Katsumi précisa ma pensée : « Sacrifier une vie pour préserver la communauté serait le deal ». Théorie Malthusienne en action…